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MEUTE : « Danse avec les loups » (chronique / streaming)

Alors que je m’apprête à introduire tous mes prochains articles par un itératif mea culpa rapport au retard accumulé dans leur rédaction, je me suis cette fois réellement surpassée dans le registre du « mieux vaut tard que jamais ». Balancer un papier sur la fameuse fanfare techno allemande MEUTE (prononcer « moilleté » à la teutonne) pratiquement un an après les avoir rencontrés aux dernières Transmusicales de Rennes, c’est professionnellement parlant sûrement aussi pertinent que de demander à un rappeur en promo s’il envie son frère devenu musulman (Ah au temps pour moi, on m’explique dans l’oreillette qu’apparemment un « journaliste » a trouvé cette question suffisamment appropriée pour être posée …).
Flashback septembre 2016.
Si à l’époque mon expatriation du mauvais côté de la ligne Maginot a quelque peu nuit à ma vie sociale et à mon rythme de publication, elle aura néanmoins eu le mérite de me faire découvrir cet OVNI hambourgeois dès la fin de l’été par le truchement de deux vidéos postées sur les plateformes consacrées et de me permettre de les interviewer quelques mois plus tard, et dans leur langue maternelle s’il-vous-plaît.
Époustouflée dès le premier visionnage de « REJ » – cover du classique deep house d’Âme filmée dans les rues de la Perle du Nord d’où ils sont originaires – par la précision millimétrée et l’incroyable coordination, le premier réflexe de mon cerveau conditionné a été de me dire qu’il y avait forcément tromperie sur la marchandise, même si j’ai pour (mauvaise) habitude de systématiquement laisser sa chance au produit.

Spoiler : tous les sons sortent en live de leurs instruments. Ainsi même si tous les membres sont des musiciens aguerris, la prouesse technique mérite d’être soulignée.
C’est là que j’ai commencé à parler d’eux, extatique, autour de moi. Et il s’est produit ce que je nomme le syndrome Liv Strömquist : insister lourdement pendant des jours pour faire découvrir une pépite à mon entourage, jusqu’à ce qu’il capitule puis se confonde en remerciements car le plaisir éprouvé est finalement allé bien au-delà de mes promesses.

Lorsqu’à mon arrivée aux Trans leur tourneur français m’a informée qu’ils proposeraient un showcase à l’Espace VIP dans la nuit, j’y ai évidemment traîné mes potes avinés, leur promettant une jolie surprise. Ah ça l’ahurissement a été de mise. Voir débarquer au milieu des pros une fanfare synonyme dans l’imaginaire collectif de rassemblement carnavalesque d’alcooliques pas forcément anonymes a déclenché quelques vannes plus ou moins douteuses du style : « C’est marrant cette manie des allemands de toujours débouler chez nous en uniforme ».

En quelques minutes, ce public de blasés de la musique fut pourtant conquis et le mini-concert s’est terminé en une apothéose d’applaudissements qui annonçait le bouillonnement fou de leur concert du lendemain devant la foule du Parc Expo.
Adoubés à présent par le boss Laurent Garnier, c’est à l’origine grâce au pari fou de Thomas Burhorn, trompettiste de jazz et producteur de hip-hop reconnu, ayant accompagné sur scène des poids lourds du rap allemand (si si, ça existe mais pas assez pour être cité), que le collectif de 11 musiciens a vu le jour.

Après avoir soigneusement choisi quelques classiques de la musique club, il a écrit les partitions pour jouer ces tubes en live avec force tambours et trompettes (et saxos, tuba, trombone, j’en passe).

Animé par l’envie de « ramener la musique électronique à ses racines, à savoir la danse un peu tribale au coin du feu« , la Techno-Marching-Band comme elle se définit vise à « réintroduire dans les clubs ce qui souvent leur manque, à savoir la performance« .

Pour comprendre, il faut réellement faire l’expérience de leur énergie live, à la limite de la rage. Pas si étrange que ça finalement pour un groupe au nom de canidés.
Puisque leur premier album (que vous pouvez écouter juste après) sort ce vendredi et qu’ils joueront au MaMA le 19 octobre prochain, ami parisien, on te conseille vivement de venir comme nous danser avec ces loups.

   

MAUD