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Parcels : livraison express (interview)

Originaires de Byron Bay, petit paradis australien de la glisse, il semblait parfaitement naturel que le quintet Parcels se sente à son aise dans une station balnéaire, normande cette fois.
C’est ainsi à l’occasion de leur passage au désormais incontournable festival Cabourg Mon Amour dont ils étaient l’une des têtes d’affiche, même s’ils ont semblé tomber de l’armoire en l’apprenant, que nous avons pu trinquer et papoter en toute détente avec deux des cinq joyeux lurons le composant, Patrick Hetherington (claviers) et Noah Hill (basse).
Programmés à un horaire compliqué -15h30-, ils ont pourtant rameuté plus de monde qu’on n’en avait jamais vu en cinq éditions à une heure aussi rapprochée du déjeuner dominical, habituellement consacrée à une sieste sur la plage histoire de digérer ses crustacés.
Et ce public venu en nombre a dansé et chanté, puis en a redemandé. Pari gagné pour le groupe qui voulait que « ce set ultra court soit perçu comme une sorte de beach party pour se lâcher ». Et le petit déhanché si caractéristique de Patrick y a certainement largement contribué…
Les deux compères nous expliquent cet engouement par la relation particulière qu’ils entretiennent avec la France, et pas seulement depuis leur fameuse collaboration avec le monument national Daft Punk sur le titre Overnight (pas franchement leur meilleur à mon sens, mais une incroyable opportunité question visibilité) : ils sont en effet signés sur un label du cru (Kitsuné), ont participé au show d’Arte « One Night With » (dont le visionnage vaut clairement le détour pour se faire une idée de leur niveau de déconnade), vont ouvrir pour rien de moins que Phoenix fin septembre à Paris et considèrent que c’est dans notre pays que leur musique a été la mieux accueillie.

Sachant que le groupe s’est formé il y a à peine 3 ans, les choses ont été particulièrement rapides mais le buzz grandissant autour d’eux ne semble pas vraiment les préoccuper. Ils passent beaucoup de temps sur la route pour promouvoir leur premier EP « Hideout » sorti en janvier dernier, avec des moments forts comme ce concert dans un majestueux amphithéâtre romain dont ils gardent apparemment un souvenir ému et d’autres disons plus… laborieux (coucou l’accueil et le catering des festivals anglais surblindés).
S’ils ont choisi d’emménager à Berlin, Mecque de l’électro européenne, c’est tout d’abord pour des raisons plus ou moins « matérielles » : la concentration en expats australiens, le coût de la vie, et aussi parce qu’ils adorent tout simplement danser en club. Mais avant tout parce que selon eux, l’émulation artistique y est toujours aussi prégnante qu’à l’époque des Bowie et autres Nick Drake de ce monde.
C’est dans la capitale allemande qu’ils ont fait s’agréger ce mélange harmonieux de soul / rock / pop / disco / électro caractéristique de leur son à l’efficacité entêtante. Cette recette qui peut sembler bigarrée d’un prime abord fonctionne pourtant parfaitement, aussi bien sur galette que sur scène, où ils s’épanouissent pleinement.
Jeunes, beaux, souriants et déconneurs à plein temps, il y a en eux un petit quelque chose des Beatles période pré-mania. Et ce ne sont pas les (nombreuses) groupies les poursuivant pour un selfie mal cadré dès qu’ils s’aventurent hors backstage qui me contrediront.

Lorsqu’on les interroge sur les ingrédients de ce succès, s’il existe une « méthode » Parcels, ils répondent dans un éclat de rire : « c’est simplement parce qu’on est tous plus débiles les uns que les autres que ça fonctionne ».
Si les garçons sont à fond dans l’autodérision et la blague (nos zygomatiques sont restés bloqués en version ascendante pendant 5 bonnes minutes sur un jeu de mot pourri dont je vous épargnerais la genèse ici – surtout parce qu’il est intraduisible – éternité au regard des 20 minutes en leur compagnie accordées par leur management), la réalité est qu’ils sont tous hyper impliqués dans le processus créatif.
Amis de longue date, ils sont parfaitement honnêtes et directs les uns envers les autres : « quand l’un d’entre nous propose un truc nul, on le lui dit sans fausse pudeur, on se connaît assez pour savoir qu’il ne sera pas vexé », tout en sachant d’instinct dans quelle direction aller. La bonne, à l’évidence.

Pourtant le cap du fameux premier album n’est pas prévu avant l’année prochaine : le label ne leur mettant aucune pression et eux n’étant pas non plus pressés, ils préfèrent continuer d’expérimenter malgré les attentes d’une nouvelle audience littéralement obtenue en l’espace d’une nuit : « tu sais la plus grosse attente, c’est celle que nous avons envers nous-même ».
On saura se montrer patients de notre côté.

MAUD