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Le cabaret vert 2016 : live report

Alors que la grisaille a fini par envahir à nouveau notre quotidien, que les températures dégringolent et que l’été, même indien, semble à présent loin, c’est le moment parfait pour se remémorer avec une certaine mélancolie notre passage au dernier Cabaret Vert, sa canicule un peu pain in the ass par moments (le concept du sauna tout habillé en salle d’interviews par exemple), mais surtout sa prog’ jouissive, ses rafraîchissantes bières locales et ses étonnantes rencontres.
Cette édition fut particulière pour moi, une sorte de baroud d’honneur musical avant d’émigrer pour quelques mois vers une nouvelle contrée, certes connue elle aussi pour ses boissons houblonnées, mais un peu moins hélas (à quelques exceptions près, ne soyons pas bégueule) pour ses groupes de qualité …

Dès notre arrivée, nous eûmes la chance de pouvoir assister (au premier rang donc, comme en témoigne le compte Instagram du CV) au showcase très privé des énergiques Seratones dans le cadre intimiste du jardin de l’ancienne maison du plus célèbre rejeton de Charleville-Mézières.
Comme nous le confiera plus tard en interview AJ Haynes, la chanteuse et frontwoman du groupe rock de Louisiane, « pour un premier contact avec la France, jouer dans cet endroit magnifique et chargé d’histoire qui a accueilli l’un de mes poètes préférés est une opportunité incroyable. J’ai grandi avec la poésie de Rimbaud. Lorsque nous étions plus jeunes, ma meilleure amie qui a fait des études de français me lisait ses poèmes en VO, me faisant découvrir les sonorités particulières de cette langue qui me touchait profondément même si je n’y comprenais pas grand-chose. C’est un vrai privilège d’être ici, dont nous mesurons le caractère unique ».
Le privilège était en réalité du côté du public ardennais, qui a pu assister le soir-même (sauf pour les irrécupérables leur ayant préféré, pour des raisons relevant d’une pathologie aussi incompréhensible qu’apparemment incurable – attention, prends une bonne respiration – Exotoxine Scarlatine Guillotine euh pardon Indochine) au premier live français de ces ricains prometteurs – le programmateur, on ne cessera de le répéter, a vraiment eu du nez.
Pour les autres, la séance de rattrapage aura lieu sous peu, les Seratones ayant prévu d’écumer cet automne les scènes hexagonales et en particulier le Bataclan suite à sa réouverture en novembre. « Nous sommes particulièrement heureux de pouvoir jouer dans cette salle, pour faire perdurer l’esprit festif et punk que devrait toujours garder la musique live ».

Et pour ce qui est d’assurer un live de qualité, les trashos britons de Fat White Family s’en sont également chargés en retournant une foule compacte et déjà bien avinée (voir photo ci-dessus, j’ai enfin réussi à voir un de leurs concerts pratiquement en entier pendant que mon acolyte se gavait de sanglier).

Si la grandiloquence de M83 n’a ensuite pas vraiment imprimé ma mémoire, la prestation protéiforme (le mec sait vraiment tout faire) et gonflée de testostérone d’Anderson. Paak a quant à elle parfaitement clôturé ce premier soir.
Au programme du lendemain, de la NOSTALGIE on te dit : Grandaddy, Nas, L7, toutes les phases plus ou moins glorieuses de mon adolescence y passent. On ratera hélas la majeure partie du concert de Bibi(tch) « Better Have My Money » Bourelly pour cause d’interview, dommage, le spectacle se situait tout autant dans la fosse que sur scène.

Quelques godets plus tard partagés avec un ami roadie, nous retrouvons un Jacques à son habitude foufou, euphorisant et inspiré, tandis que Comah finissait de nous achever… Rideau pour la soirée.
Samedi, soleil de plomb et dégustation (de bières pour changer) à notre arrivée avant d’applaudir les petits gars de Judy qui n’ont pas démérité malgré les conditions compliquées (air suffocant et horaire vespéral).

The Inspector Cluzo m’ont bien fait marrer, mais (et j’en suis la première surprise), c’est pendant le show de Mass Hysteria que j’ai ressenti un petit truc au fond des trip(e)s qui devait s’apparenter à de l’émotion (oui, sans déconner). L’énergie dépensée malgré la blessure du chanteur et la chaleur à crever, le traditionnel circle pit où les mecs se retrouvent donc encerclés par une foule galvanisée, la ferveur toute communicative des fans hardcore qui ont patienté des heures pour ne serait-ce que les approcher : je n’ai jamais été une grande admiratrice de cette niche musicale (traumatisme remontant à mes années collèges pendant lesquelles mon frère s’en abreuvait next door à un volume qui faisait arracher son sonotone à notre grand-père), mais pour les paraphraser, c’était bien « plus que du métal ». Ce coming out étant fait (je vois d’ici l’expression affligée voire scandalisée de Rédac-Chef-de-Mon-Cœur lorsqu’il lira ces lignes et hésitera à les publier), je tiens quand même à préciser que Miike Snow, Club Cheval et Molecule furent mes highlights de cette – pour nous qui devions rentrer à Paris dès le lendemain matin – dernière journée.

Cabaret vert, une fois encore, tu nous as fait bien transpirer rêver et c’est avec un immense plaisir qu’on reviendra l’année prochaine recommencer.
Photos : courtesy de mon iPhone 5 tout pourri.

MAUD