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La 12ème édition des Nuits Sonores : live reports et photos !


A la verticale des Nuits Sonores


Je ne devais pas couvrir les Nuits Sonores, je n’avais pas d’accréditation, pas de plan et pas de place non plus pour assister à cette grand-messe de l’électro lyonnaise. 
Mais par le
biais d’heureux hasards je me suis retrouvée à Lyon, avec dans les mains le
pass pour toutes les nuits y compris celle de clôture pourtant sold
out.

Aussi j’ai eu à coeur  d’honorer de ma présence le plus de scènes
possible… Et pour ce faire j’ai usé de ma légendaire ubiquité !
Je ne vous cache pas que je ne sors pas
indemne de cette expérience électronique, preuve en est il m’aura fallu
trois jours pour que mon corps accepte l’idée d’écrire un article.
Et pour cause !
Les Nuits Sonores 12eme édition, c’était
du lourd. Déjà en terme de chiffre : 5 nuits, plus d’une centaine
d’évènements, des sites partout dans la ville… 
Des Journées aussi, la version alternative d’un Off des Nuits
Sonores, des conférences, des apéro, des gens partout !
Un joyeux bordel en somme et moi mes
pieds pour courir à défaut de danser !

Mercredi 28 Mai : Ancien Marché de Gros,
halle 1/2/3

Arrivée vers 22:30 au milieu du set d’Odei,
Halle 1. 
La taille des salles me laisse pantoise, les bâtiments désaffectés
sont hyper esthétiques et en adéquation avec le côté « industriel » de la musique électro. 

Dans cette halle, je découvre que le son est puissant. 
Odei, livre un set sans instants pour souffler. À base de breaks et de
rythmiques rapide, on saute de suite dans le bain ! La foule est
réactive, c’est très dance floor !
Le temps donc de sautiller et je file
tout droit halle 3  pour voir un bout de Man or Astroman? .

Changement radical d’univers, ici point d’électro mais du rock
! Sur des sonorités 50-60 viennent s’appuyer une batterie lourde. Ils ne
font pas semblant les gars. Ambiance au secouage et au pogo, mais très gentils
les pogos. L’énergie que dégage le groupe est du pur bonheur et me renvoie
bouler jusqu’à la halle 1 : Darkside.
A posteriori je crois que ce groupe sera
ma révélation de ce premier soir, tant que je suis restée tout le set, et qu’à
aucun moment mes pieds n’ont touchés le sol. Quel duo ! Totalement
inattendu, ce DJ qui fait face et conversation à ce musicien. Le son est  puissant, il rentre par tous les pores de la
peau. Le public se soulève en vagues irrégulières et les synthés de Darkside
récupèrent tout ça ! La guitare semble être poussée jusqu’à rupture, c’est tout
simplement bluffant. Le chant arrive comme par magie, c’est animal et parfois
même sexuel. 

À la croisée d’un certain blues, du rock et de l’electro. Que du
bonheur, on vous dit !



Retour à la Halle 3 où je retrouve
Black Lips bande de joyeux branleurs rock’n’rolleux ! Ils ne manquent pas à
cette réputation, ça provoque les vigiles, ça provoque le public… Et on envoie
un peu de rock au milieu. Ils proposent un set ludique et péchu mais je
décroche vite de ce rock « récréatif » et file tout droit à la halle
1 (oui, encore elle !) pour Kosme.
Une fois de plus changement de rythme et
propulsion en stratosphère. Kosme envoie du lourd ! Et c’est toute la halle 1
qui s’envole. On n’en perdra pas une miette, attention aux oreilles, on en
prend pour notre grade et l’utilité des bouchons devient soudain évidente.
Kosme diffuse une électro massive et festive. Son mix mêle des influences house
qui deviennent vite survoltées. Le parterre ne s’y trompe pas, la salle est au
bord de l’explosion.



On sort rincé de ce moment intense, le
temps de filer voir Laurent Garnier, dont la puissance et l’expérience
ne faiblissent pas devant une assemblée prête à en découdre avec le béton du
sol de la halle 2. Le DJ sublime une fois de plus la techno dont il
reste une figure française emblématique, tout le monde se met en transe
jusqu’au petit jour. Il est 5h je rentre avec des bouts de bois à la place des
jambes mais ravie : les oiseaux chantent.

Jeudi 29 Mai : Transbordeur et club
Transbo.

J’ai shunté les diverses animations de la
journée parce que le programme du soir est bien rempli et que je sais déjà que

je ne pourrai pas tout voir. 
Comme on annonce des files d’attentes improbables
et des bousculades, j’opte pour le solution : « valeur sure » et à
Lyon cette solution c’est le Transordeur. Le programme y est assuré, les
lieux sécurisés et surtout c’est à 10 min à pied de ma crèche… Forte de tout
ces arguments, je me propulse à cette soirée « Communion » pour la
modique somme de 3,5€ !!! Rien à dire quand on jette un oeil au line up.
Pethrol, Discodéine, My Head, Flore … Et d’autres.  Mais je suis restée sur ces groupes glissant doucement du club à la grande salle, en passant par l’extérieur. Ça circule, pas de soucis, ambiance très olé olé ! Le club attaque sur les sonorités de Pethrol qui entraîne toute l’assistance dans la danse, le cadre est posé : on va prendre du son, et il nous le rendra bien.



Discodéine embraye le pas avec un set musclé, la
salle se remplit doucement, on monte d’un ton : dans les allées ça danse. 



Une grande fête ce soir là, vraiment. Les DJ se suivent et ne se ressemblent pas, c’est pas très grave parce que la programmation est bien faite et qu’il ne reste qu’à se laisser faire. On enchaîne sans peine le cru local : car oui, c’est du local (so far) qui joue ce soir. My.Head attaque avec ses sonorités minimales mais poussives dans la grande salle, puis Klement Bonelli, en DJ set.  Leur succéderont Wild Wild Waves et leur pop-rock électronique…  On a voyagé ce soir là ! Si tout  le monde saute sur Hunkpapa, c’est avec Flore et son set tribal, sombre qu’on rejoint cette nuit encore le petit matin.  Je rentre fourbue, j’ai fort bu ? Il y a trop de décibels sous chacun de mes pas pour chercher à comprendre. Ce qui est sûr c’est que les nuits sonores c’est une expérience qui ne peut que se vivre.

Vendredi 30 Mai : un peu partout et
ailleurs aussi.
C’est le troisième jour et je me disais
déjà que ça allait être compliqué. Il faut comprendre que les nuits sonores ne
s’articulent pas seulement autour des nuits ou des jours… Non. Il y a des
conférences menées dans le cadre de l’European Lab, il y a les apéro
sonores, et une multitudes de show « hors les murs »… Tout vous
raconter serait trop. Mais ce vendredi j’ai pu assiste à de multiples
évènements ! Pour finir, ou commencer… Sur le roof top du Sucre. Ce lieu
est un petit New York à lui tout seul. Zone industrielle, ancienne sucrerie,
rien ne pourrait faire penser à installer un bar sur un toit comme celui-là !
Et pourtant… On s’y retrouve perché et au soleil à l’heure où déjà tous les
dancefloors s’agitent en contre-bas. L’ambiance est estivale en marge du
festival et nous avons l’honneur (et le mot est faible) de retrouver derrière
des platines (oups ! en fait c’est un mac) Monsieur Daniel Miller. Et
bien qu’il ait opté pour la technologie, question DJ set, il tient le pavé
l’ancien !  Et pas qu’un peu. Il nous
aura fait traverser les décennies musicales sans même sourciller… Je perds la
notion du temps, on marche un peu et on retourne sur le site des nuits !
C’est un soir « presque »
calme, seulement 17 évènements !
Sauf qu’un seul m’aura tenu captive : Fuck Buttons. Et dire captive c’est minimiser l’impact qu’aura eu ce groupe sur
ma peau. Fuck Buttons c’est une explosion de sens, littéralement. Leur
son est lourd, profond, presque primitif. Il passe entre les gens comme un vent
chaud qui décoiffe. Nappes de synthétiseurs, percussions envoutantes. Une
immense transe nous emporte au milieu de cette troisième nuit. J’en ressors
sonnée, et marche jusqu’à la halle 3 où j’entre en collision avec Lunice
et son électro-rap atypique ! J’accroche bien sur ce Canadien, il
interpelle toute l’assemblée, impossible autrement. 


Vient lui succéder Fulgeance,
je ne connais pas du tout ce garçon là ni ses sonorités décousues, décalées
mais totalement addictives. Son set est sombre et hyper pointu… Je me perds avec
la foule et finis par rentrer : il reste deux nuits !


Samedi 31 Mai :marché de gros et gros
sons.

Cette dernière « nuit sonore »
(à proprement parlé) c’est un peu l’ultime course entre les trois scènes du
marché de gros. Et pour cause, il faut calculer voire millimétrer les passages
pour tout voir… Tout entendre. Dans le désordre, dans mes préférences il y a :
The Brian Jonestown Massacre, Trentemøller, Suuns d’un coté. Puis Agoria, Rødhåd au milieu. Et enfin FunkinEven qui clôture ce marathon musical, car les
nuits sonores c’est un peu ça aussi.

J’arrive donc pour voir The Brian Jones Massacre qui propose un spectacle tout en coolitude, le leader, Andy Newcombe, est toujours aussi énigmatique. Fraîchement sortit des nimbes de la drogue et de l’alcool, le nouvel album reste tout de même très psychédélique. Mais on ne change pas une équipe qui gagne, et sur scène c’est un régal. Toujours en retrait de ces acolytes, la musique est portée en avant, le spectacle est jouissif. On reprendrait bien une dose de rock, mais il faut déjà changer de scène.



Le temps de chopper une bière avec mes Token (nom de la
monnaie nuit sonoresque) et c’est
Trentemøller qui investit la halle 1.
Première claque de la soirée, le garçon en impose sérieusement et scotche toute
l’assemblée avec des titres profonds, pénétrants. Pour moi trop d’infra, je
sors rapidement tant la musique me porte au coeur. Je suis de loin, le reste du
concert, ravie néanmoins de l’effet que cela aura produit. Cette électro
minimale house impeccable, a des relents new waves qui auront su me séduire. 




Le
danois marque un point alors que je file vers la halle 2 pour me délecter du
set d’
Agoria.

Soyons clairs, Agoria c’est pas la
première fois que peux le voir en live, mais c’est pourtant toujours avec le
sourire que je vis ces moments là. Sébastien
Devaud, c’est son nom, s’est imposé ces dix dernières années comme une
référence dans le genre. Héritier des sonorités de Détroit, lyonnais et habitué
des nuits sonores, c’est un peu le « master of ceremony » ce soir là.
Il n’a clairement plus à prouver qu’il mérite sa place ici. Son set est
impeccable, un régal de bout en bout. La halle 2 est bouillante, menée,
transportée par les sons d’Agoria. 




Au point que j’en oublie Suuns, on
ne peut pas tout faire… Pourtant je les avais découverts avec tellement
d’enthousiasme à la Cigale en novembre dernier lors du festival des Inrocks.



A
cet instant de magie succède Rødhåd, sur lequel on s’accroche sans
problème. Le DJ reprend la halle 2 et la propulse encore plus loin dans la nuit.
Le temps pour moi de filer vers la halle 3 et de découvrir FunkinEven,
bijou, délice de sons chaloupés, funk, electro radical. 




C’est la fête, on lève
les bras jusqu’à ce que le son soit coupé… Merci et bonne nuit.


Dimanche
1 juin, voir Kraftwerk et mourir.

Déclarée
survivante de cette 12eme édition des NS, je me rends une dernière fois à la
halle 1 voir les papes de la techno. Attention ces gars là on quasi tout fait
de la techno minimale, chirurgicale que l’on connait. Kraftwerk c’est la
leçon de techno du soir.
Ils
sont quatre, ils sont allemands et surtout ils sont là, devant moi, à quelques
mètres. Pas une sonorité n’est posée ici au hasard. Orfèvres de chaque instant,
les papas de la tec’ viennent nous prouver qu’ils sont toujours là et bien au
dessus de tous.
Parce
que tout à coup je comprends que presque tout vient d’eux. Le spectacle 3D qui
accompagne le show est juste. Dans le sens esthétique parfait.
À
l’image des hommes-robots qu’ils ont fantasmés, et qu’ils
incarnent un peu, dans leurs combinaisons noires quadrillées de blanc. Debout
pendant toute la durée de concert, impassibles derrière leurs pupitres. Pas de
mouvements, pas de « show off ». Sobrement bons.

Alors
tout le sens de la musique est là, tout le sens même de ce festival au fond. La
musique électro s’est largement répandue, démocratisée. Elle est festive et
fédératrice. Mais c’est un art à part entière. Les nuits sonores en sont la
preuve tangible : 130 000 spectateurs. La ferveur et l’envie de l’équipe des NS
voit là le fruit de son travail, et on lui dit merci !


A
l’année prochaine, si Dieu veut (comme on dit) et surtout : Never stop the
music !

Live reports par Marika D.
Un grand merci Brice Robert pour les photos !