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Grand Blanc is the new black (interview)

                                                                               Crédit photo : Philippe Mazzoni

Grand Blanc sort aujourd’hui même son premier album « Mémoires Vives« .
Autant vous le dire tout de suite, on est archi fans et on le crie haut et fort.
Grand Blanc c’est qui, c’est quoi ?
Des éléments de réponse en compagnie de nos quatre messins préférés..

GBHM : Vous bénéficiez déjà d’une sacrée renommée et pour autant « Mémoires Vives » n’est que votre 1er album. Y-a-t-il eu une pression particulière et pensez-vous que le fait de pouvoir « prendre le temps » a eu un impact sur le rendu final ?

Benoît (chant, guitare) : On est conscient qu’on a été bien accueillis et on est très chanceux, mais en même temps on ne veut pas trop se poser de questions.
C’est notre première expérience dans la musique de manière professionnelle. On a séparé le temps de composition de l’album du reste et on a pris un petit mois dans une maison pour ne rester qu’entre nous. On n’a pas trop raccordé la création de l’album à la réalité pratique.
La Musique est faite de tourneurs, de labels, de médias et au final il y a eu une petite part d’angoisse et de stress sur ces attentes.
Mais pour la composition, je ne crois pas que ça ait joué du tout. Il y a juste le fait qu’on savait qu’on pouvait faire un album avec une dizaine de titres. A la fois parce que c’est un format classique et à la fois parce que c’est un format qui est hyper différent. Sur un EP tu ne peux pas mettre une ballade de 6 minutes assez lente et assez dépouillée. Sur notre album on ne s’est pas trop mis la pression justement pour se donner le temps et le format.
Du coup ça a été assez heureux cette composition.

GBHM : Quand on tape « Grand Blanc » sur un moteur de recherche, on tombe à la fois sur vous, sur le grand requin blanc et sur les Tall Whites, de grandes silhouettes fantomatiques qui correspondent à un phénomène extraterrestre repéré au Nevada … Je trouve que c’est 2 choses qui vous correspondent un peu en fait, même si vous avez déjà expliqué que votre nom n’avait pas de signification particulière ?

Benoît : Non pas signification particulière si ce n’est que c’est évocateur et assez plastique. On peut le changer et on peut le connoter de manières très différentes. Ça ressemble à notre musique. Le sens n’est pas évident. C’est par défaut de sens justement et les choses ont plusieurs points de vue.

GBHM : Je vous ai découvert par hasard il y a environ un an avec la démo du titre « Montparnasse » . Vous avez ressorti le même titre fin d’année dernière en modifiant l’instru qui devient plus électro, plus digitale. Êtes-vous d’accord pour dire que l’évolution de ce titre reflète bien l’évolution de Grand Blanc, d’une manière générale ?

Benoît : Ce disque avec « Nord » et « Montparnasse » est un peu particulier. C’est un disque avec lequel on s’est pas forcement sentis hyper à l’aise de reprendre nos 2 titres les plus vieux. Mais on adore ce titre.

Korben (le surnom de Vincent, basse) : C’était un peu bizarre parce que c’était à un moment ou on avait envie à la fois de se poser pour composer l’album et de faire autre chose, mais bon on s’était dit que ça serait bien de les ressortir avant qu’ils ne disparaissent. Du coup on s’était penché dessus mais c’était un peu difficile car on ne voulait pas les ressortir comme on les avait enregistrés à l’époque. Un peu comme on avait fait avec « Samedi la nuit » (parce qu’il y avait aussi 2 versions de « Samedi la nuit »). Du coup c’est un peu bizarre de refaire un titre à zéro et d’essayer de faire complètement autre chose.
On a fait un peu la même chose mais peut être avec des instruments différents au final.

Benoît : « Montparnasse » c’est une chanson qui préexistait à Grand Blanc, on l’a enregistrée chez Luc et c’est la première fois qu’on faisait de la musique avec un ordinateur et des moyens de production de home studio. On a été très surpris par le résultat. Cette chanson c’est un hybride, ça nous a ouvert à énormément de choses. Au niveau de l’écriture, c’est la première fois que j’écrivais des textes formels, sonores. C’est un morceau hyper important pour nous…
Je crois que l’évolution de Grand Blanc elle est réellement dans ce nouvel album, mais après ce qui est sûr c’est qu’on veut toujours continuer à se permettre des choses assez différentes. Comme on ne sait pas trop ce que c’est comme musique, au final on court plus après la diversité qu’après la cohérence.

GBHM : Revenons-en à votre album et notamment aux lyrics. Si je devais faire une fiche de lecture consacrée à « Mémoires Vives », que me conseilleriez-vous d’y inclure en terme de thématiques ?

Benoît : Comme il n’y a pas vraiment de narration dans nos chansons il n’y a pas vraiment de thématiques, mais par contre il y a des ambiances.
On essaye d’avoir une langue qui répond un peu à notre réalité quotidienne, qui est beaucoup faite d’urbanité. Mais on raconte cette réalité avec une esthétique fragmentaire, où il y a peu de syntaxe et peu d’explications.
C’est pas un truc qui se construit, ce sont des choses qui se posent comme ça et ça ressemble à notre manière de consommer de l’information, de subir et d’évoluer au milieu de millions de personnes. Voilà l’axe global.
On essayé de trouver une langue qui exprime les choses les plus ténues du quotidien répétitif, auquel tu ne fais pas attention…

GBHM : Vous préparez une tournée qui débutera en Mars. Avez-vous imaginé une mise en scène particulière, avez-vous pensé cela dans les moindres détails ou vous y allez au feeling ?

Camille (chant, clavier) : On est en train de se pencher dessus en ce moment. On va pas faire un show à l’américaine, mais on va essayer vraiment d’apporter le plus de vitalité possible. Il y aura un peu de mise en scène, sans partir vraiment sur un truc déglingué. Mais en tout cas les lumières on trouve que c’est important  et l’ordre des chansons aussi !

Benoît : C’est la première fois qu’on a le temps de considérer la scène en amont et d’y réfléchir. Ce qui nous caractérise sur scène, c’est un truc très basique mais assez possédé par ce qu’on fait. Y’a un truc vraiment brutal de jouer fort et jouer à fond, jouer genre jusqu’à ce que t’en puisses plus..

GBHM : Vers quoi vous voyez-vous évoluer musicalement dans les prochaines années ?

En chœur : Mystère !

Luc (arrangements synthés et machines) : On n’est pas du tout fermé mais on n’ira pas faire du zouk (rires)

Camille : la meilleur réponse c’est qui vivra verra !

Korben : On préfère ne pas y penser. On ne se dit pas « Grand Blanc finira par faire du Grand Blanc » ou « Grand blanc finira par faire de l’électro« . On ne veut pas se fermer. Justement, sur l’album on ne s’est pas demandé ce qu’on voulait faire mais on a plus commencé par voir ce qui sortait et ensuite voir s’il y avait moyen d’avoir une cohérence dans la façon de produire.

Camille : Plutôt que de se dire « je veux faire ça« , la question est « qu’est-ce que tu es à ce moment là » ?

GBHM : Benoit (chanteur-guitariste), si mes infos sont exactes, à la base tu avais pris une année sabbatique pour voir un peu ce que ça pouvait donner Grand Blanc. Tu penses un jour reprendre tes études ou c’est définitivement de l’histoire ancienne ?

Benoît : Disons que mes études j’étais quand même arrivé au bout et je n’étais pas un grand génie de la recherche en littérature !
Mon option 1 c’était d’enseigner et je ne me sentais pas du tout prêt. Alors après je ne sais pas ce qui ce passera. Au final ça me semblerait moins incongru de faire ça quand je serai plus vieux, mais moi ce qui m’intéresse c’est de continuer à faire de la musique le plus longtemps possible. Et pas spécialement pour le mode de vie que ça donne, c’est surtout que c’est un taf génial. Ça va de mieux en mieux avec Grand Blanc, on est de plus en plus à la cool et de plus en plus productifs.
Et puis après – désolé les gars – j’aimerais bien écrire plein de textes pour d’autres gens. Mais comme tous on a envie d’avoir plein de projets.
Je ne me jetterais pas sous un bus si j’arrêtais de faire de la musique. Il y a énormément de choses qui sont géniales à faire. Mais on touche du bois car plus longtemps ça dure, plus on est contents.

GBHM : Une série de questions concernant votre « Mémoire vive » ?
En informatique, la mémoire vive sert à stocker temporairement les fichiers que l’ordinateur exécute. En gros cela signifie que, lors de l’arrêt de l’ordinateur, elle s’efface. Vous aimeriez pouvoir, le soir en vous endormant, avoir la faculté d’effacer des souvenirs de votre mémoire ? Ou de celle de votre entourage ?

Benoît : La capacité à l’oubli elle existe et même à l’oubli sélectif . C’est ce que notre inconscient fait pas mal aussi en rêvant. Oui je pense qu’elle existe, après moi je pense que j’y toucherais pas, perso. Faut pas toucher à ces choses là.

Luc : Moi j’y toucherais parce que ça n’est pas possible, du coup j’ai envie d’essayer l’impossible !

Korben : Au final dans « Eternal Sunshine of the Spotless Mind » (NDLR : le film de Michel Gondry), tu te rends compte que ce n’est pas possible.

GBHM : 2016 débute à peine et on a déjà perdu coup sur coup Lemmy et Bowie. Hormis la sortie de votre album, qu’est-ce qui selon vous peut nous laisser espérer des jours meilleurs ?

Benoît : Pour nous c’est sûr, on a plein de trucs qui arrivent. Mais après c’est pas le meilleur début d’année et la meilleure situation qu’on ait connus. Il y a un truc qui est cool, c’est que les gens sont encore capables de continuer à marcher, de se relever et de se faire des bisous.
Nous, les événements ça nous a changé, par exemple Camille elle s’est mise à manger local… Voilà, on s’est tous chauffé pour avoir des petites initiatives pour un monde meilleur.
Le monde est pourri en ce moment, mais il y aussi plein de nouvelles bonnes initiatives comme les économies alternatives. Du coup on va tous devenir vegan et manifester pour l’économie participative ! (rires)

GBHM : Il parait que vous êtes hyper éclectiques dans vos goûts musicaux. Vos derniers coups de cœur ?

Luc : Vald (rires). Mais j’assume complètement Vald !

Korben : PNL (rires), King Krule..

Camille : Moi je réécoute toute la discographie d’Elliott Smith en ce moment. C’est vraiment un poétique lover mais j’assume

GBHM : C’était quoi votre meilleure « surprise party » ?

Benoît : On a un très bon souvenir festif. C’est une soirée où on avait invité les groupes Bagarre et Blind Digital Citizen à Metz. On a fait une grosse teuf avec des musiciens qu’on ne connaissait pas. On a fait la bringue et après on est devenus amis. C’est des groupes qui nous nourrissent et qu’on estime. On est entrés à 30 en boite de nuit, avec des amplis et des guitares sur le dos !

GBHM : Le « disque sombre » écouté dernièrement ?

Benoît : Moi le disque sombre, c’est Jessica93 !

Luc : Moi c’est pas vraiment sombre mais c’est le premier EP de Kiasmos. C’est un duo électronique, avec uniquement des nappes de musique et beaucoup de cordes. La musique ambient c’est un style que j’affectionne beaucoup ! Je suis triste à chaque fois que j’écoute ce disque mais à la fois c’est très beau.

GBHM : « Summer Summer » vous faites quoi cet été ?

Benoît : On adresse une petite prière à cet été mais on espère qu’on fera plein de festivals dans plein d’endroits en France ou ailleurs !

Camille (à Benoît) : On espère que tu vas nous inviter en Corse ?

Korben : Ouais on aimerait bien se faire une petite semaine en Corse, Ben a une baraque là-bas..

Benoît : Chuuuut !

GBHM : « L’Amour fou » pour qui/pour quoi en ce moment ?

Camille : Pour nos amours !

Benoît : Pour les ananas en ce moment. Je suis très sérieux ! C’est mon fruit fétiche, d’ailleurs c’est ultra à la mode il y en a partout.

Korben : Amour pour nous, entre nous

Luc : Putain Korben tu me l’as volé, je voulais le dire !

Camille : Alors à part Ben qui kiffe les ananas nous on s’aime tous les trois.

Benoît : Mais c’est un nom de code pour ma meuf ! (rires)

PROPOS RECUEILLIS ET RETRANSCRITS PAR NOEMIE