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Blind Digital Citizen : En marche vers l’infini et au-delà (Interview)

Après avoir poussé leurs premiers cris, les Blind Digital Citizen -BDC pour les intimes- s’élancent dans leurs « Premières Vies« , carte stellaire aux trajectoires multiples.

GBH Music a mis le cap sur le QG d’Entreprise, là où vagabondent les esprits tranquilles et délurés de ceux pour qui chaque mot a droit de vie.

Bardes intergalactiques forçant les portes de l’univers, les BDC nous livrent les sources et les aboutissements de leurs recherches, à contre-courant des formules de la grande distribution musicale.





 
Rencontre avec :
– Jean Turner: vidéo, chant
– Florent Cornier: machines, synthé, basse, chant
– Louis Delorme: batterie, claviers


GBHM : Salut les gars !

FC : Salut Clémi !

JT : Il est bon ce café !

FC : On va essayer d’être professionnels…

LD : Nous sommes à vous !

GBHM : Alors, pour ceux qui ne vous connaissent pas, qui fait quoi dans le groupe ?

FC : Je suis aux machines, au synthé, à la basse un peu aussi.

GBHM : Et tu chantes dans « Parachute » ?

FC : Non, dans « Fantôme » ! Dans « Parachute » c’est Jean qui chante. C’est marrant t’es pas la première à me dire ça, mes parents m’ont dit la même chose ! Sinon Louis est à la batterie, aux claviers. Et au chant un petit peu.

LD : Ça arrive !

JT : On est très très forts en polyphonie !

FC : Ça tourne un peu mais faut pas trop s’éparpiller.

JT : En live, c’est plus fixe qu’en studio. En studio, tout le monde fait un peu de tout.

GBHM : Comment vous décidez de qui va faire quoi en live ?

LD : Ça dépend. Par exemple, si je joue une ligne de basse en répèt ou pour se marrer, je ne vais pas forcément la jouer en live parce que cela impliquerait que je change de place à un moment. Y’a des moments où ça pourrait marcher et y’a des moments où au contraire ça enlèverait un peu la dynamique du truc. Du coup, on répartit les tâches.

JT : De la même manière, il y a certaines parties de synthé qui peuvent être mieux jouées en studio par quelqu’un que celui les jouent en live, ou inversement. La partie de synthé de « Parachute » par exemple, je ne peux pas la jouer en live (NDLR Jean chante sur cette chanson).

GBHM : Ton rôle en live, Jean,  est un peu particulier ?

JT : En live, je fais les vidéos que je joue vraiment. Rien n’est monté, je monte tout en direct, avec les effets. Évidemment, c’est préparé. C’est comme si tu jouais des samples de musique, qui ne sont juste pas séquencés.

GBHM : T’occupes-tu des clips ?

JT : Je vais faire le prochain clip. Sinon, en général, je ne fais pas les clips; je me sers de la matière des clips en live. La plupart ont été faits par Chris Dias. Il y en a un qui a été fait par François (NDLR Devulder, le chanteur/guitariste) et Florent. Moi j’adore ce que fait Dias. Pour « Dvek » (NDLR le dernier clip des BDC), on avait tous trop de boulot sur le projet, ajouté à l’idée qu’on ne veut pas que le travail sur les vidéos soit exclusif. Ce qu’a réalisé MELTMIRROR sur « Dvek » est incroyable. Je suis hyper content que Flo ait trouvé ce gars grâce à Viméo et au réseau de vidéastes. J’ai hâte de défoncer ses images en live. 

GBHM : En studio, tu touches un peu aux instruments ?

JT : Ça peut arriver, plus quand on est dans des moments de jam. Il peut en rester des bribes. Pour moi, c’est difficile de rester dans le tempo plus de 10 sec… (rires)

GBHM : Parlons de l’album ! Ça fait longtemps qu’on l’attend. 

FC : Nous aussi ! (rires)

GBHM : Vous avez fait quelques EP, pas mal de titres auparavant. Cet album, c’est un peu votre acte de naissance ?

LD : Notre première communion !

FC : C’est sûr que ça change, par rapport au travail que nécessitent 4 titres. Le process est beaucoup plus long et plus lourd ; c’est très fatigant, ça demande beaucoup d’énergie, de réflexion, mais on est très fiers de ça. Ça arrive à point nommé !

GBHM : Jusqu’à maintenant, vous étiez un peu dans un processus d’expérimentation ?

FC : On y est toujours. Simplement, il faut accoucher d’une dizaine de chansons, sur une plaque. Forcément, tu ne peux plus te dire, on va tester ceci ou cela. Tu dois terminer, boucler ce que tu as commencé. On avait déjà fait ce travail sur nos précédents EP, mais là on pose vraiment des choses. Tu en prends la responsabilité et tu avances en fonction de cela.

JT : Tu travailles avec des collaborateurs aussi. Tu n’es plus à expérimenter tout seul dans une cave ou à la campagne. Le studio n’est plus le tien, il doit être rentabilisé. Tu travailles avec un producteur; tu es supposé avoir expérimenté avant et juste venir plaquer tout ce travail. Bon, il n’est pas impossible dexpérimenter en studio mais c’est une expérimentation forcément plus courte. C’est hyper dur. Parce qu’il y a plein d’idées qui arrivent tout le temps.

LD : Et elles ne sont pas toutes bonnes (rires).

FC : On s’éparpille souvent. C’est difficile de dire stop.

GBHM : Quelqu’un est là pour vous recentrer ?

LD : Adrien Pallot, le réalisateur de tous nos disques, avec qui on a une relation assez intime dans notre musique. Il connaît bien notre son, il l’a façonné un peu aussi.  Il lui arrive de mettre des freins ou des accélérateurs sur nos idées. Il va nous dire « telle idée est super, elle nous plait, exploitons-là« . Il peut aussi nous dire « là vous ne partez pas dans la bonne direction« . C’est lui qui nous cadre parfois; après, il nous arrive de le faire de nous-mêmes.

FC : Toujours d’un commun accord.

LD : Si on restait tous les 5 dans un studio pendant 15 nuits, on arriverait à un truc complètement différent, ce serait super mais bon.

JT : Et puis tu as des impératifs de temps, tu ne peux pas presser ce que tu veux sur un vinyle. Cela élimine déjà une grande part d’expérimentation. Faire un morceau de 12 minutes alors que tu as envie d’en caler 8 autres sur un vinyle ça devient compliqué. Un CD contient 80 minutes, c’est plus qu’un vinyle, mais ça a aussi ses limites.

LD : On ne voulait pas avoir deux vinyles, on n’en voulait qu’un. Pour avoir une qualité d’écoute un peu élevée, on ne peut pas mettre tout ce qu’on voudrait mettre. Mais si ça se trouve notre prochain disque sera un disque expérimental de 64 min !

GBHM : Le format serait-il donc une contrainte à l’expérimentation ?

JT : Une contrainte, c’est un mot fort; parce que l’envie de faire un vinyle est là, c’est une contrainte que tu acceptes. Faire deux vinyles pour un album, ça implique de changer toutes les deux chansons, c’est hyper rapide. Tu as un bel objet, mais passer ton temps à retourner le truc…

FC : C’est frustrant. Pour une musique immersive, où tu veux faire voyager ton auditeur, c’est dommage. Il ne faut pas se focaliser sur le format, sur l’objet, il faut juste penser ce que ça raconte dans sa globalité, si ça tient, si c’est pas trop indigeste, ni trop leste.

LD : Attention, il ne faut jamais essayer de manger un vinyle, ce n’est pas très digeste ! (rires).

JT : Le CD n’en parlons pas. La cassette c’est ce qui passe le mieux, le mp3, bonne chance… (rires).

GBHM : Donc votre prochaine sortie sera finalement…

LD : Un worst of ! Une compilation de tous nos worst hits !

JT : Et ben ! ça sort le 30 là ! 

LD : Vous n’aimez pas ce qu’on fait de mieux, vous aimerez sûrement ce qu’on fait de pire ! (rires)

GBHM : On ne retrouve pas de morceaux entièrement instrumentaux sur cet album. Pourquoi ?

FC : Il y a un passage instrumental, sur « Fantome ». On est encore en recherche. Petit à petit, chacun trouve son équilibre au sein de la formation. Cela n’exclut pas des chansons instrumentales, que l’on continue d’ailleurs de jouer sur scène et on adore ça. Là, pour l’album c’était pas vraiment justifié, on n’y trouvait pas forcément de sens. On ne s’est pas dit « tiens, là faut que ce soit rock«  ou « là électro« . On essaye juste de transcender un peu nos références, de faire quelque chose de chouette qui nous fasse vibrer. Ce n’est pas le plus simple, on se prend la tête, on travaille et c’est le plus important. Il faut être fier de ce que tu fais. Faut juste prendre le temps.

GBHM : Dans cette transcendance, il y a donc une envie de dépasser un peu les styles. Pensez-vous amorcer une sorte d’électro-progressive ?

FC : Il y a un peu de ça, dans ce que l’on fait. Il y a du rock, de l’électronique, du rock progressif, de King Crimson à Goblin évidemment. Pink Floyd est là. L’électronique de tout ce que Warp (NDLR le label) faisait et continue de faire, ça nous a évidemment parlé. La chanson française aussi nous parle beaucoup, la musique classique. Les musiques zumo africaines, de Mandchourie (NDLR pays du nord-est de l’Asie), orientalo-percussives sont très intéressantes, y’a vraiment plein de trucs ! On ne cherche pas à se mettre dans une case, il ne faut pas.

GBHM : Comment arrivez-vous à placer le chant en français au milieu de toutes ces influences ?

LD : Ça vient hyper naturellement. Il arrive que Flo trouve des mélodies en anglais. Ensuite, on garde quelques trucs en anglais ou on les reprend en français. C’est un travail qui est fait sur certaines parties de chant, mais sinon, sur les mélodies de François ou de certains titres comme « Parachute », ça vient hyper naturellement. C’est inné, instinctif. 

JT : Une chanson dans laquelle tu dis « I love you, I love you baby« , regarde l’effet que ça fait, que dalle. Tu rigoles, tout le monde rigole. Alors que si tu dis, « Je t’aime, je t’aime mon amour« , quand tu es français évidemment, parce que si tu as un accent anglais ça n’a aucun sens non plus, ça appuie ton propos. 

FC : Ce qui est curieux, c’est qu’à une époque, les gens ne comprenaient pas le français de François sur scène, autant que l’anglais de je-ne-sais-qui.

GBHM : Maintenant, on comprend plutôt bien, on sent que vous accordez aux paroles beaucoup d’importance ?

FC : C’est très important.

LD : C’est très important, mais ça vient d’un truc, d’un jet. Il peut y avoir quelques ajustements dans le texte, une manière de le dire, mais c’est assez marginal. Le chant reste quelque chose d’assez brutal.

JT : Je ne suis pas sûr que le fait de chanter en français soit totalement novateur. Jean Michel Jarre, Eicher (NDLR Stéphane, de son prénom), ont fait des choses dans les années 70’ avec des grosses boites à rythme. On a eu des groupes de new wave mondialement connus. La new beat belge existait déjà. Liaisons Dangereuses, c’est absolument démentiel. On ne fait pas une contraction « qu’est ce qui marche ? Le français + l’électro ! et bim tu les mets ensemble !« . L’un des premiers mecs à avoir eu un studio analogique avec des gros synthés en France, est Louis Chedid, un méga pionner. Maintenant tout le monde à des home studios. Les français et le français ont toujours été là dans la musique électronique, avec les instruments de leur époque. Nous, c’est des samplers, des synthés, des séquenceurs, des guitares, des basses, des batteries. Et puis on est plus souvent apparentés à de l’électro qu’à du rock…

FC : Franchement, ça dépend des moments. On a été beaucoup sur des trucs rock avant. Rock, électro, c’est mi-figue mi-raisin, y’a autant de rock que d’électronique là-dedans.

JT : L’énergie en tout cas est plus rock, dans le sens où c’est joué. Il y a une différence.

LD : Même dans la construction des morceaux. L’électro est quand plus basé sur la répétition. On a une déconstruction des morceaux et des sonorités qui sont plus rock, même pop.

FC : On se connaît depuis longtemps; on a de la chance d’avoir un groupe avec plein de musiciens ; un bassiste spécialiste, un super batteur, un vrai guitariste, un mec aux machines et synthé ; avec tout ça, on peut faire plein de choses. On a vraiment de la chance.

JT : C’est comme dans les styles dont Flo parlait tout à l’heure, y’a pas de règles. On ne se dit pas « on n’utilise que des trucs analogiques« , ou « pas de synthé«  ou « on n’utilise pas de samples d’ordinateur« . Tu utilises tous les moyens que tu as, Google Traduction si besoin. Y’a aucune limite sur comment produire du son. 

GBHM : Qu’est-ce que vous essayez de faire passer dans votre musique ? Avez-vous des thèmes récurrents ?

JT : Oui évidement mais on ne se dit jamais « tiens, on va parler de ça, de la mort, de la guerre« . Brassens disait, alors qu’on lui demandait quels étaient les thèmes de ses chansons « vous savez, l’amour, l’amitié, la mort, à part ça, y’a aucun thème« . Et je suis assez d’accord avec lui. Quand tu construis une chanson, à un moment donné, il y a un thème qui se dégage, même s’il était inconscient au début. Mais je ne pense pas que François ou toi (NDLR Florent) vous vous posiez en vous disant « de quoi va t-on parler ? ».

FC : La vie, la mort, l’amour, ces thèmes nous transcendent et ils arrivent naturellement dans les chansons. Mais sur ce disque, on se pose des questions sur notre place dans le monde, dans l’espace; à l’échelle de l’univers, qu’est-ce qu’on est comme être humain, comme artiste. On est que dalle. On parle pas mal de cette réflexion sur l’homme, le progrès, l’histoire, le passé, le présent, le futur, le temps. Ce sont des questions passionnantes parce qu’on n’arrivera jamais à en obtenir les réponses. On peut y réfléchir et c’est tellement infini que ça donne plein d’idées. Quand tu composes, quand tu répètes, quand tu bosses sur des sons, tu trouves plein d’analogies sur ces réflexions-là. On n’a pas de cahier des charges sur les thèmes abordés.

LD : Ça arrive que ça soit terre-à-terre, mais sinon c’est plus, sans aller jusqu’à dire ésotérique

FC : Métaphorique tu veux dire ?

LD : Ouais, ça parle de l’espèce et de l’espace. Le temps est un vecteur commun de plein de trucs, on en revient toujours là. L’instantané, la projection.

JT : On joue aussi avec le fait qu’une chanson, si tu vas bien, tu vas avoir l’impression qu’elle parle de la vie. Si tu vas mal, tu vas avoir l’impression qu’elle parle de la peur. Les thèmes se définissent plus en fonction de ton état d’écoute que d’un état d’écriture. Le questionnement de notre place dans le monde ne se retranscrit pas sous forme de « qui suis-je ?« , en des questions semi-mégalo. C’est évidemment le fruit de notre réflexion à nous, mais on veut toujours laisser l’ouverture à l’interprétation.

FC : Et on ne veut pas se prendre pour des visionnaires. On est juste une bande de potes qui se marrent. Comme dans une BD qui n’existe pas où on est des mecs avec des longs cheveux qui se baladent parmi des champignons géants et qui voient des reptiles. C’est important sur ces réflexions-là, de garder un peu de légèreté, surtout quand tu fais de la musique. Ça nous fait du bien de mettre de la légèreté là-dedans.

JT : C’est vrai ! Dans la vie, on a plutôt l’impression d’être 5 gugusses qui font des blagues et qui jouent avec des mètres (NDLR Flo jouait avec un mètre pendant l’itw) et qui réfléchissent sur le temps, avec des notions physiques alors que les mecs avaient 2 en cours (rires).

FC : Ça va, on a un scientifique dans l’équipe ! (NDLR Louis) 

JT : Adrien Pallot aussi s’intéresse bien à ça. Il a des tas de bouquins sur la physique quantique. On n’a jamais su s’il les lisait vraiment (rires). Ça nous éclate d’en parler. C’est tellement vaste comme question la physique.

GBHM : Louis tu es un peu le savant fou de l’équipe ?

LD : Oh ce serait plus Flo (rires) Je l’imagine toujours avec une grande blouse blanche et des tubes à essai qui font de la fumée rose. Une sorte de professeur un peu foireux qui se plante dans les couleurs; Champignac dans Spirou ! Dans un vieux château en ruines avec un labo haut-de-gamme, ultra moderne mais tout pété et nous on passerait le voir en lui disant « Alors aujourd’hui qu’est-ce que tu as trouvé ? » et il nous répondrait « oh ! touche-pas à ça ! », « Regarde ! J’ai trouvé l’essence de l’univers ! ».

FC : Louis est très certainement le plus cartésien d’entre nous !

LD : Les batteurs auraient un esprit assez mathématique, parce qu’on passe notre vie à diviser le temps en parties égales. Dans la musique occidentale, c’est vrai que tu peux tout interpréter mathématiquement. L’harmonie, c’est des maths. C’est assez flippant et en même temps hyper intéressant. Ça permet de pouvoir mettre des idées théoriques en pratique. Ça reste hyper instinctif, ça se fait tout seul dans ton esprit.

JT : Les mathématiques ça régit tout. L’instinct et la spiritualité ne sont pas du tout antinomiques des mathématiques. C’est presque s’approcher de cette spiritualité que de le comprendre.

FC : Dans l’antiquité, les vrais sages étaient à la fois philosophes, mathématiciens, athlètes, guerriers. Ça doit nous aider quelque part, de nous intéresser à ça.

GBHM : Je vous imagine bien habillés en grands philosophes !

JT : Avec des barbes et des draps ! A débiter des tas de trucs pour se marrer qui seraient enseignées 4 000 ans plus tard ! 

FC : Avoir des écoles sans toits avec des oliviers dehors ; se balader pieds nus. Plus sérieusement, sur scène on joue plus la carte du naturel ; sans ça on pourrait passer facilement pour des petits cons prétentieux. On peut vite devenir un vieux roublard universitaire un peu chiant si on joue trop le jeu. 

GBHM : Des projets de tournée ?

FC : On part très très loin demain… à Creil (NDLR l’itw a été réalisée le 26 Mars 2015) ! Et à Savigny-le-Temple après-demain. On joue au Petit Bain pour la sortie du disque avec Inigo Montaya et Caandides qui sont des amis, dont les projets sont importants et qu’on aime beaucoup. Louis joue avec Inigo, ce sera l’occasion de partager une scène ensemble et cette envie de faire de la musique; on trouve quelques parallèles qui se font naturellement. On va aussi jouer à Annecy, au Brise Glace. Pour le moment, on a encore des dates en France. Sinon, on vient d’Algérie.

LD : L’Algérie, c’était via l’Institut français. C’était super bien cette tournée. On avait fait 5 dates dans 5 villes différentes, d’est en ouest. Ça nous a donné envie d’aller dans des pays où les groupes n’ont pas l’habitude de se rendre. 

FC : Sinon on aimerait bien aller en Amérique du sud, au Mexique, au Brésil, en Asie aussi.

GBHM : Cette tournée en Algérie a-t-elle apporté quelque chose à « Premières Vies » ?

LD : Ouais ! Sur « Palais de cristal », on retrouve une certaine influence orientale, sur « Reykjavík 402 » aussi. Après c’est compliqué parce qu’on n’est pas équipé pour faire de la musique orientale. Nous on fonctionne au ton et au demi-ton au synthé et la musique orientale fonctionne au quart de ton. Mais tu peux détuner, désaccorder les synthés à la main pour obtenir ce genre de trucs. Même dans les percus on utilise de plus en plus ces sonorités. Rythmiquement, ce sont des mélodies hyper riches. 

JT : Ça pourrait aussi se ressentir dans notre musique dans le futur. Après, l’aspect sample oriental fait super flipper. C’est hyper risqué. Tu peux te planter. 

LD : Dans certaines chansons comme « Cumbia », « Péru », y’a quelque chose d’ailleurs. 

FC : L’idée d’avoir des sonorités à échelle planétaire est assez cool.

JT : Sans rentrer dans le pastiche. Même si t’as un amour inconditionnel pour la musique orientale, je trouve ça difficile, n’étant pas oriental, de s’approprier le truc. Je ne dis pas que tu ne peux pas ne pas le faire, mais faut le faire bien. 

GBHM : Un groupe/artiste qui vous botte en ce moment et un autre un peu plus ancien ?

FC : J’aime bien Tangerine Dream, pour le groupe ancien.

JT : Je valide totalement.

FC : Pour le groupe récent, Ramzi

JT : Moi je vais dire Eric (rires)

FC : Ramzi, c’est une nana qui fait de l’électronique organique très libre et très cool ; c’est amie en plus et j’aimerais que l’on travaille avec elle un jour.

JT : Y’a Renart aussi.

LD : En ce moment, j’écoute une nana produite par Geoff Barrow, Anika. Sinon j’aime bien Jessy Lanza, qui chante sur le dernier album de Caribou. C’est assez Rn’B qui me plairait pas sur le papier mais son disque est hyper cool. Elle est seule sur scène, elle a une pure voix et ça défonce. Sinon Caandides. Inigo Montoya.

GBHM : Quels sont vos futurs projets ?

LD : On en a plusieurs. On va peut-être faire un morceau sur une compilation de projets parallèles de plein de gens du monde entier. 

JT : Des remixes aussi peut être. 

LD : On va faire une BD qu’on va essayer de publier. Des planches.

JT : Un opéra avec un livre vidéo interactif ! Pierre et le loup ! Bon ce serait pas Pierre et le loup évidemment.

GBHM : Qui fait Pierre et qui fait le loup ?

LD : On te laisse deviner ! J’aurais tendance à être le loup, mais un petit loup !

JT : Un renard !

LD : Ouais Jacques et le Renard !

GBHM : Flo tu serais quoi toi ?

FC : Moi ils me voient constamment en flamant rose ! (rires)

LD : On a un morceau qu’on aime beaucoup et qu’on n’a pas réussi à mettre sur l’album.

GBHM : Il ne rentrait pas dans l’album !

FC : Il était trop large ! (rires)

LD : C’est notre morceau « Mother« , qu’on joue en live depuis un moment. Il a un côté opéra, chanson en mouvement. On appelle ça le passage des abysses. Tout à coup tu es dans un truc un peu lumineux puis paf ! Tu atterris dans un truc très enterré. On a déjà commencé à l’enregistrer mais on pense que ce serait un truc à développer sur 10-15 minutes. L’idée serait d’en faire quelque chose d’un peu interactif, avec un visuel; de développer cette chanson dans un autre schéma ; raconter une histoire au travers de thèmes, une sorte de conte pour enfants ou pour adultes.

JT : L’idée aussi ce serait de se détacher de tout support et d’aller vers du digital, mais pas Itunes. Y’a de la matière à creuser là-dedans. La musique digitale est encore associée au mp3 et à Itunes mais c’est bien réducteur à tout ce qui est faisable en numérique. Donc on a plein de projets, et puis peut être un album punk aussi !

GBHM : On est loin des comptines pour enfants !

LD : Des comptines punk pour enfants ! 
Brosse-toi les dents ! Tu dois aller à l’école ! (rires)

GBHM : Merci les gars !

CLEMENTINE