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Basile Di Manski : Basile est un génie (interview)

L’entretien-express prévu avec Basile Di Manski n’avait pas débuté sous les meilleurs auspices, à commencer par mon arrivée sur le site de Cabourg Mon Amour bien après la fin de son concert.
Puis mon dictaphone a décidé de faire sécession 30 secondes après son enclenchement…
Mais le garçon, qui se qualifie pourtant lui-même de peu patient, m’a immédiatement aidée à dompter la technologie récalcitrante.
Au final, un instant hors du temps en compagnie d’un musicien sensible et particulièrement intelligent.
Le nom du festival où il se produisait s’y prêtant à l’instar de plusieurs de ses titres, nous avons évidemment immédiatement commencé par parler d’amour. Et alors que ma propre définition se rapproche plus de celle de Guillaume Meurice (« c’est ce qu’il y a entre la rencontre et la pension alimentaire« ) que de Saint-Exupéry, Basile Di Manski, ce passionné de mots qui ne les mâche pas, en a une vision bien moins cynique.
« Ce qu’on appelle amour, je ne sais pas à quel point ça existe. Je crois qu’il y a une attirance des corps au départ, que cette attirance entre les corps est souvent vouée à disparaître, c’est une chose pour laquelle on est programmés. Certains scientifiques disent que ça dure 18 mois. Je pense que ce n’est pas vraiment ça l’amour, mais plus une envie de collaborer, de faire un truc ensemble sur la durée. Il faut vraiment distinguer ce qui relève du sexe et de l’autre côté de l’envie de s’associer avec quelqu’un sur le long terme, qui sont deux choses très différentes« .


Comme l’indique la biographie qui lui est consacrée sur le site de son excellent label Pain Surprises, son parcours, même s’il est musicien depuis ses dix-huit ans, fut d’abord académique, l’artiste repoussant « sans cesse le moment de choisir entre le droit et la musique« . Cette dualité m’a particulièrement intriguée, de par sa résonance – encore actuelle – avec mes propres dilemmes.
« Comme plein de gens, j’ai fait du droit pas forcément pour les bonnes raisons. Comme la plupart des bons élèves qui n’ont pas besoin de beaucoup travailler, après le bac je n’ai pas été trop conseillé et je me suis retrouvé avec mille personnes dans un amphi. A la fin de l’année, il en restait 300, t’as l’impression d’être dans Koh-Lanta. Mais la fac ça m’allait parce que tu peux passer entre les mailles du filet. Le moment où ils essaient de débusquer les imposteurs, c’est quand tu tentes le Barreau. Ce qui fut donc mon cas. Mais le fait est que parmi les gens qui réussissent, il y en a qui s’épanouiraient certainement plus ailleurs« .
Du droit, il a néanmoins gardé une approche des contrats assez minutieuse, toujours utile dans le métier, mais avant tout un langage. « Ce qui est intéressant, c’est qu’il s’agit d’une discipline littéraire qui pousse le maniement de la langue très loin. Quand tu débutes et que tu lis des articles du code civil, tu ne comprends rien. Ça m’a fait travailler la langue et donné accès à d’autres formes d’expression, permis d’aborder l’écriture d’une manière différente et d’être plus structuré« .


Après le dessin, la musique, la publication d’un roman (Saint-John d’Orange) et la coréalisation de son prochain clip, ce touche-à-tout confie qu’il ne dirait pas non au cinéma, mais plus tard car « il y a une vraie urgence dans ce que je fais actuellement, donc je préfère m’y consacrer pleinement. C’est déjà assez épuisant. Mais je souhaite tenter d’autres moyens d’expressions, même si je ne sais pas encore exactement lesquels. Déjà certainement travailler plus la scène en tant qu’art à part entière, avec un metteur en scène. Pour un concert, je trouve cela assez intéressant« .

Si vous êtes curieux du résultat, courrez voir Basile Di Manski en concert le 24 novembre prochain au FGO-Barbara dans le cadre de la soirée French Clubbing aux côtés entre autres de l’excellent De La Romance.
Plus d’infos par ici et billetterie par .
MAUD