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Juniore : ex fan des sixties (interview)

                                                                                      (c) Sandra Matamoros

La patience finit toujours par payer, Juniore sort aujourd’hui son premier album intitulé « Ouh là là » !
A cette occasion, Anna Jean (la douce et charmante voix du groupe) a eu la gentillesse de nous accorder une petite entrevue dans son studio d’enregistrement parisien, pour parler musique et années 60.
Niveau concert, celui du 21 mars à la Boule Noire est déjà archi-complet, mais pas de panique (uh uh uh !) une nouvelle date vient de s’ajouter le 13 juin à la Maroquinerie !

GBHM : Toutes tes chansons sont en français. Est-ce un choix, une passion ?

Anna : Ce n’a pas toujours été le cas. J’ai aussi chanté en anglais pour les autres, des copains rencontrés via Samy (NDLR : OSTA, leur producteur) sur des projets plutôt electro. En particulier avec Bot’Ox, Jackson and His Computer Band et plus récemment, j’ai prêté ma voix pour une chanson du dernier album de Justice, « Chorus« .

GBHM : Mais pour ton projet perso…

Anna : En fait j’ai vécu aux Etats Unis pendant plusieurs années et j’ai découvert certains courants musicaux francophones sur le tard. En particulier Serge Gainsbourg pour qui j’ai eu un gros coup de cœur, notamment dans sa période yéyé, où il écrivait pour des chanteuses comme Françoise Hardy. J’aime beaucoup cette période, imprégnée de musique anglophone mais tellement inimitable, charmante. Je m’y suis pleinement retrouvée et ça m’a donné envie d’écrire des chansons en français. Initialement ce n’était pas pour moi mais pour une amie. Sauf qu’elle s’est avérée ne pas être disponible. J’ai tout de même présenté les chansons au label Entreprise, qui m’a suggéré de les chanter moi-même et m’a permis d’enregistrer un 45 tours.

GBHM : C’est donc comme ça qu’est né Juniore ?

Anna : A la base, j’ai demandé à deux amies de m’accompagner aux instruments. Je ne cherchais pas forcément des filles, c’est le hasard. Et lorsqu’elles m’ont quittée pour des obligations personnelles et que j’ai dû les remplacer, je me suis rendue compte qu’il y avait très peu de musiciens féminins professionnels. J’ai été assez étonnée et un peu déçue. Ce qui m’a finalement donné envie de m’entourer de filles sur scène. Maintenant, elles font partie intégrante du projet, chacune a sa place.

GBHM : Aujourd’hui tu sors ton premier album, après plusieurs EPs. Est-ce l’aboutissement de quelque-chose ?

Anna : L’album, à la différence de ce qu’on a fait précédemment, a été vraiment pensé pour être joué sur scène. Après une première phase d’écriture assez personnelle, on est parti dans un Airbnb dans le Perche pendant 3 semaines, afin de faire une première session d’enregistrement pendant laquelle chacune a pu trouver ses marques, s’imprégner des chansons, se les approprier. L’idée, c’est d’avoir un album fluide, qu’on prendra plaisir à jouer.

GBHM : Et au niveau du style, il y a des choses qui ont changé ?

Anna : Je reste très obsédée par les années 60, mais je ne recherche pas un style en particulier. J’essaie vraiment de me laisser aller au feeling et aussi de mélanger des moments calmes et délicats, avec des passages plus explosifs qui donnent envie de bouger. Je pense que la musique doit divertir, permettre à ceux qui l’écoutent de s’évader du quotidien.

GBHM : Et donc au niveau de la scène alors, vous allez essayer de nouvelles choses ?

Anna : En ce moment, nous sommes accompagnées sur scène d’un fantôme qui joue de la basse. Ça vient de mon attrait pour les films d’horreur, que je trouve gentiment décalés, un peu loufoques, mais qui de manière imagée traitent de sujets sérieux. Enfin pour le coup, ça reste juste un mec dans un drap (rires) !

GBHM : Plusieurs chansons rappellent un peu le groupe La Femme. Ça t’agace qu’on te le dise ?

Anna : Pas du tout, au contraire, je suis hyper flattée. Je suis une grande fan ! Je les ai rencontrés à leurs débuts, puisqu’on partageait à l’époque le même producteur (NDLR: toujours Samy !). Ils étaient tout jeunes, mais déjà étonnants d’intelligence, de finesse et de bagou. C’est très émouvant de voir où ils sont arrivés aujourd’hui. D’autant plus qu’ils ont ouvert la porte pour des groupes tels que le nôtre, ce qui nous permet d’exister aussi.

GBHM : C’est vrai que vous avez en commun ce côté un peu retro. Qu’est-ce qui t’attire dans les années 60 ?

Anna : La légèreté de cette époque, le charme de cette insouciance qui n’existe plus. Je l’envie beaucoup. Outre la musique, j’aime aussi beaucoup le cinéma de cette époque, en particulier Truffaut, qui développe un humour cru et raffiné et qui par des scènes du quotidien arrive à filmer le monde dans son ensemble. Mais je suis tout de même très rattachée au présent. Je suis consciente que c’est notre époque qui nous permet d’avoir un regard sur le passé par l’accès facilité aux images, aux musiques, aux vidéos. Ça n’aurait pas été possible avant. Du coup, cela me permet d’avoir un aperçu transverse, de créer un mélange entre tout ça, entre avant et maintenant.

GBHM : Et l’avenir alors, tu le vois comment ?

Anna : J’espère pouvoir continuer à faire de la musique tout en gardant mon autonomie, en restant dans cette petite bulle. Et surtout, j’aimerais voyager grâce à la musique. C’est toujours très différent de rencontrer les gens par cet intermédiaire. On voit les choses sous un autre angle, et on partage tellement.

PROPOS RECUEILLIS ET RETRANSCRITS PAR JULIEN