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Big Festival 2016 : live report (photos)

Partir au Big Festival, ce n’est pas seulement la promesse d’un line-up éclectique, c’est aussi et avant tout une immersion à 360 dans l’esprit biarrot, dont tu ressens les bienfaits ensoleillés dès ta sortie du TGV (surtout après un long trajet où tu t’es retrouvé encerclé par des profs de math en Birkenstocks).

Arrivés dans l’après-midi du jeudi pour profiter à la fois de la plage et du DJ set de Cassius au Big Village – concept à base de bouffe locale, concerts gratuits et panorama foufou de la Côte des Basques, notre bonheur ne pouvait être plus complet, si ce n’est que nous avons immédiatement regretté de ne pas avoir été sur place les jours précédents pour profiter de la prog’ alléchante du lieu. Le nombre de surfers australiens bourrés (passion cliché) au mètre carré est délirant, l’ambiance bon enfant, les gens particulièrement souriants et le son plaisant. Ça s’euphorise au soleil couchant, dernière image flamboyante d’une première journée qui se terminera hélas en gueule de bois, laquelle n’avait rien à voir avec les pintes à 5 euros allègrement ingurgitées, mais avec le surgissement d’une douloureuse actualité alors que la nuit était déjà bien avancée.
Réveil compliqué puis direction la plage pour la journée, avant de rejoindre le stade Aguilera où nous débutons les festivités en compagnie du duo Synapson, accompagné d’une ribambelle de guests parmi lesquels l’inénarrable Benjamin « in da house (music) » Diamond en polo rouge et short blanc, qui n’a pas manqué de s’époumoner sur le mythique « Music sounds better with you » repris à l’envi par les premiers rangs, lesquels ont eu l’air de franchement s’éclater.

20h10, nos chouchous The Kills débarquent avec la classe nonchalante qui les caractérise. Les potes sans accréd’ nous envoient des textos rageurs depuis la (conséquente) file d’attente à l’entrée et ratent hélas la majeure partie du concert. Alison est à son habitude magistrale, Jamie martial, le duo fait parfaitement le job entre nouvel album et tubes ultimes (« Doing it to Death », « Hard habit to break », « URA fever », « Baby says », « Monkey 23 », etc.) mais on les sent quelque peu désappointés de jouer devant un public encore clairsemé…

21h40, c’est au tour des Libertines d’entrer en scène sur les premières mesures d’un « All you need is love » de circonstance, le son est brut et les (vieux) fans extatiques, mais le tout ne décolle vraiment qu’après l’imparable « Can’t stand me now » qui excite enfin le reste de la foule. Après un début de Marseillaise foireux lancé par Pete et pléthore de gimmicks éculés, on ressort de cette séance revival mi ravis – mitigés.

23h30, ça se bouscule sévère pour accéder aux crashs de Prodigy, je sais déjà qu’avec mon gabarit de hobbit je vais devoir reculer si je ne veux pas risquer d’être piétinée par des britons avinés. Soyons honnêtes, on y allait un peu perplexe mais on est repartis complètement galvanisés après avoir dansé sur les madeleines « Firestarter », « Breathe » et « Smack my bitch up » comme au bon vieux temps des teufs du lycée.

Le lendemain, la prod a eu l’excellente idée d’organiser un cours de surf à 9h pour nous autres travailleurs de l’ombre privilégiés. Activité que j’ai honteusement séchée, avant de retrouver mon binôme photographe à sa sortie de l’eau afin de nous adonner à quelques traditions culinaires locales, avant d’enchaîner sur la dernière soirée.
Sous le soleil de fin d’après-midi, le groupe basque (mais espagnol) Rural Zombies – estampillé dance-rock, ce qui n’était pas spécialement fait pour nous rassurer – nous (ac)cueille agréablement, faisant légèrement voler en éclat nos snobs préjugés.

Devant un public qui semble encore écrasé de chaleur, à moins qu’il ne soit épuisé par ses back flips du matin, les Feu ! Chatterton assurent vaillamment le spectacle, comme toujours joliment parsemé des insolites envolées lyriques d’Arthur, leur crooner burtonien à l’unique phrasé.
Les Casseurs Flowters prennent le relai au moment où mon téléphone capricieux depuis midi rend définitivement l’âme pour le reste de la nuit, me plongeant dans un désarroi monde oublié où tu te sers uniquement de ton cerveau pour enregistrer, où tu communiques avec les gens autrement que par WhatsApp interposé et où tu retrouves tes potes sans avoir besoin d’envoyer quinze textos en prose Vianney, mais simplement en comptant sur un hasard bien fait (en vrai, sans quitter l’espace VIP pour être sûre de ne pas les louper).

Le Pharell Show peut commencer, à la démesure du bonhomme. Tu as l’impression d’entendre les mêmes titres qu’au mariage de ta petite cousine du 77 (le honni « Blurred lines », mais aussi « Lose yourself to dance », « Get lucky », « Happy » et j’en passe) sauf que là, c’est Mister Williams himself qui se tient à quelques mètres de toi pour les interpréter. Set millimétré – le compteur de commen-taires sexistes explosant régulièrement rapport à ses danseuses – et mignonnerie assumée lorsqu’il fait monter des enfants sur scène, l’ex-N.E.R.D. y est lui aussi allé de son petit hommage à Nice à base de « I’m so honored to play here. You had a crazy week, but French people never give up » puis en faisant chanter l’hymne français, avant d’enchaîner sur « There is one thing they can’t take away from you when you’re alive and it’s… freeeeeeedom ! » pour performer l’intro du titre éponyme. Maxi-male efficacité.

Le final épique arrive avec les Chemical Brothers qui dégainent direct l’imparable « Hey boy, hey girl », transcendant un public au bord de l’implosion (la reconversion de Pharell en chauffeur de stade peut être envisagée). Rien à redire, sauf si tu es épileptique, leur set est bien calé depuis les festivals de l’été dernier avec moult robots, lasers, VJing léché et en guise de climax le bien nommé « Galvanize ».

Si on fait le bilan, calmement, en se remémorant chaque instant, avec un petit effort sur l’orga et en poursuivant sa quête d’identité, le Big a le potentiel pour devenir géant.

TEXTE DE MAUD
PHOTOS DE SÉBASTIEN BOULET