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Le Prix Deezer Adami Part III : Grand Blanc grandeur mature (Interview)



GBH Music continue son pèlerinage à la recherche des élus du Prix Deezer Adami et s’intéresse cette fois-ci à des artistes qui chantent dans notre langue, loin des sentiers battus de la variété française.


Concourant un seul EP à la main, les Grand Blanc sont en préparation de leur premier album, aux commandes d’un chantier dont les plans annoncent un vaste édifice. Heureuse trouvaille du bestiaire des figures de scène, ce quatuor nous livre une histoire dont on a hâte de voir la suite. 


Rencontre avec de Grands enfants dont la mature pudeur recouvre une multitude de secrets, d’envies, qui nous parlent de leurs rêves un peu fous comme si on y était déjà.

Camille (chant, claviers)
Benoît (chant, guitare)
Luc (arrangements, pad)
Vincent (basse)





GBHM : Vous pouvez vous présenter en quelques mots pour ceux qui ne vous connaissent pas encore ?


Camille : On s’appelle Grand Blanc, on chante en français mais on ne fait pas de chanson française. On vient de Metz et maintenant on habite tous à Paris. C’est important pour nous de venir de Metz, on y fait pas mal allusion dans notre premier EP.


GBHM : Comment vous êtes vous rencontrés ?


Camille : A la base on est une bande de potes et on a fait de la musique ensemble parce qu’on savait tous en faire ; c’est venu assez naturellement.


GBHM : Vous avez eu une ascension assez rapide…


Luc : Oui ça c’est clairement accéléré mais après de là à savoir si c’est particulièrement rapide. En tout cas pour nous ça change bien les choses, oui. On a un métier (rires).


GBHM : Si j’étais membre du jury, que me diriez-vous pour me convaincre de voter pour vous ?


Leur manager : Combien on met sur le chèque ? (rires)


Camille : Oh naaan.


Luc : Jte dirais qu’on le fait par passion et que pour nous c’est quelque chose qui nous fait avancer, humainement, entre nous.


Camille : Ah non ça va pas du tout convaincre le jury ça. (rires)


Benoit : On vise à réconcilier le texte en français et l’instrumental et voilà.


GBHM : Essayer de redonner de la force aux mots…


Benoit : Ouais en même temps pour nous, leur donner leur valeur et leur force c’est aussi ne pas le sacraliser avec des arrangements derrière, nous on essaye vraiment de trouver un équilibre.


GBHM : On a vu que vous vous inspiriez pas mal de littérature, la musique est-elle un moyen de remettre au goût du jour le texte, une certaine forme de poésie ?


Camille : Quand c’est plus ou moins bien écrit, la musique cherche forcément une alliance avec le texte. Nous on fait de la chanson en fait, mais on s’applique à pas faire guitare/voix et nos influences musicales elles ne sont pas françaises, elles viennent d’ailleurs, de ce qu’on écoutait nous : du rock, de la techno, du rap. Y’a beaucoup de groupes qui font ça en ce moment d’ailleurs, qui arrivent à chanter en français en dépassant un peu les traditions de la chanson française. Ben c’est lui qui écrit, c’est très poétique, c’est travaillé, mais c’est de la chanson quoi. Ca n’existerait pas sans musique.


GBHM : La mélodie a pour vous une importance fondamentale.


Benoit : Ouais, je peux pas écrire les textes si je n’ai pas les mélodies.


GBHM : Comment vous procédez ? 


Luc : Ca peut être déjà une structure musicale plus ou moins arrangée, ça peut être juste un bout de texte, une phrase, ou juste une mélodie, un riff de guitare, ça peut être plein de choses quoi. Au départ, ça peut être plusieurs choses.


Benoit : Pour le texte, plus spécifiquement, ça part de punchlines quoi, y’en a une dizaine en général, mais après ça ne donne pas une forme, il faut que ce soit chanté. La forme vient avec les morceaux. Moi c’est un truc que je tiens à faire parce qu’apparemment ça se fait d’écrire dans des textes déjà métrés et de foutre une musique dessus. Nous on procède pas comme ça, en plus ce serait un petit peu violent pour les autres, parce que du coup j’imposerais beaucoup plus quelque chose, là au moins j’peux réguler.





GBHM : Y’a t’il un membre du jury dont vous aimeriez recevoir le prix ?


Benoit : Et bien j’ai aucune idée de qui est dans le jury donc…


Camille : Si j’avais regardé la liste et y’avait un réalisateur assez cool, j’ai oublié son nom mais je sais que je l’aime bien (NDLR Tony Gatlif).


GBHM : Vous avez rencontré des gens ici ?


Luc : Nous on connaît bien Bagarre (NDLR leurs frères d’armes sur le label Entreprise) on a partagé pas mal de scènes avec eux, quand on peut, sinon on aime tous Jessica 93. Y’a les Wall of Death aussi, qui font des choses pas mal.


GBHM : Un endroit où vous aimeriez faire une scène un petit peu atypique ?


Luc : Le stade Saint Symphorien à Metz, le stade de foot de Metz. C’est un peu notre rêve ça.


Camille : Ils n’ont jamais voulu.


Luc : C’est un peu compliqué ouais


Camille : Pendant la mi-temps en fait, on rêverait de faire…


Luc :  un concert d’un quart d’heure !


Camille : Comme ça pendant la mi-temps le stade serait toujours à moitié rempli parce que c’est un club de losers ; ils perdent tout le temps en fait. Un concert en mode stade quoi.


GBHM : Un quart d’heure ça fait court pour un concert ça fait court…


Camille : 2 chansons !


Benoit : Des chansons sur le foot ; faire un titre sur l’unité au football, sur l’insertion sociale d’un adolescent…Le stade Saint Symphorien ce serait cool ouais.
Sinon moi j’aimerais bien me faire des concerts dans la forêt. Je serais chaud.


GBHM : Y’a pas mal de forêts autour de Paris…


Camille : On voudrait faire un vrai concert, un truc avec des grosses enceintes et c’est compliqué, et on a pas le droit de faire ça, ça s’appelle une free party après, c’est pas autorisé.


GBHM : Y’en a qui le font…


Camille : Ouais mais c’est compliqué d’aller expliquer ça à notre tourneur…





GBHM : Si vous gagnez le prix vous auriez des projets en particulier ?


(Vincent, le bassiste, arrive)


Benoit : On se concentre sur l’album.


Camille : Ouais en ce moment on essaye de se concentrer sur l’album, parce qu’il faut qu’il soit bon, il faut qu’on en soit contents. Sinon avec de l’argent on aurait des trucs à faire avec le groupe ouais, on a souvent parlé de faire des tournées, y’a pas longtemps on avait parlé de faire un truc au Maghreb. C’est pas la priorité pour notre tourneur ou parce qu’on a pas encore fait toute la France et stratégiquement c’est super malin, mais là si on a un peu d’argent je pense que cela nous plairait de faire une tournée un peu atypique. Pas aller jouer au Maghreb dans des centres culturels mais de trouver des lieux, pour jouer avec des groupes qui sont pas forcément des groupes de musique traditionnelle, y’a quelques trucs qui ont commencé à bouger là-bas, ou ailleurs, j’en sais rien.


GBHM : Ce sont les Blind Digital Citizen qui ont joué là-bas (NDLR également signés sur le label Entreprise)

Luc : Ouais ! A Fès (NDLR au Maroc), ils ont fait une petite tournée ouais !


Camille : C’est une vieille idée qu’on avait eue, après je pense qu’on pourrait trouver d’autres lieux aussi où ça nous ferait grave plaisir de jouer.


Benoit : C’est vrai que c’est francophone là bas ; on n’a pas projeté ça par hasard non plus et voilà ce serait intéressant. La musique qu’on fait elle est pas spécialement politisée, pas spécialement consommée en masse non plus, on fait pas du hip-hop… et c’est cool d’utiliser la place que l’on commence à prendre pour faire des trucs un petit peu plus profonds et sensés que juste jouer, même si ça nous va très bien. Y’a un groupe français Cheveu, on l’aime bien aussi pour ça quoi, ils font beaucoup de musique avec des gamins, ils ont fait des concerts en taule.


GBHM : Aller vers dans des démarches un peu plus sociales ?


Camille : Pas forcément, pas au Maghreb, ce serait juste pour voir déjà ce qu’il se passe là-bas, on en a entendu parler pas mal ces dernières années mais on ne sait pas grand chose finalement. Et culturellement, les choses changent même si c’est compliqué et y aller vraiment dans l’optique de faire de la musique et de s’amuser, voir du pays, de nouer des liens quoi. Qu’il y ait un truc qui naisse de ça, de cette collaboration, une sorte d’échange culturel. C’est toujours super intéressant.


Benoit : C’est vrai que je comparais pas faire des concerts en prison et aller au Maghreb (rires). Le truc commun c’est qu’on aurait aussi envie de se servir de Grand Blanc pour faire des choses qu’on a envie de faire.


Camille : Et des choses pas forcément toute gratos quoi, c’est juste ça.


GBHM : Vous souhaiteriez rencontrer de nouveaux publics ? Chose que vous pensiez ne pas forcément pouvoir faire ?


Benoit : C’est un peu plus personnel quoi je pense pas que aller faire des concerts en prison t’y gagnes énormément sur ta fan base. A la limite il va y avoir un truc un peu hypocrite, un peu intéressé au final, le groupe qui va faire des concerts en prison il est plus sympa qu’un groupe qui n’y va pas.


Camille : Enfin de toute manière on va pas aller faire des concerts en prison mais juste pour dire, « qu’est-ce qu’on ferait avec 10 000€ ? » : beaucoup de choses et des projets comme ça c’est des trucs qui nous tiendraient à cœur et qui sont pas la priorité pour le moment, parce qu’il faut l’argent pour ça, mine de rien.





GBHM : La scène m’a l’air très importante pour vous…


Camille : Bin ouais, on est malheureux quand on ne fait pas de concerts. Là on avait accéléré les concerts puis on avait fait une pause à Noël et on avait tous super hâte de retourner sur scène. Après les Trans Musicales on a eu une pause d’un mois et demi, un truc comme ça. Ouais on aime bien les concerts, nous.


Les autres : Ouais.


GBHM : Merci ! Je vous souhaite de faire plein plein de scènes.


CLEMENTINE


Crédit photo: Adrien LANDRE