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Yaroslav : le feu sous la glace (Interview)

Si certains membres d’une même famille n’auraient jamais
dû décider de monter un groupe ensemble (l’amour inconditionnel de
certain(e)s de mes camarades de classe acnéiques pour les trois chevelus
ricains qui mmmbopaient à outrance pendant que je faisais mes « Homework » m’a toujours déconcertée – ami lecteur qui n’était pas ado à
la fin des années 90, pardonne-moi pour cet interlude), pour d’autres
la collaboration relève de la vraie bonne idée (au risque de me faire
lyncher à coup de compacts discs, Oasis a par exemple, en même temps
qu’ils devenaient une farce à tabloïds, écrit quelques lignes majeures
de l’histoire de la Brit Pop).

Yaroslav entre dans cette seconde catégorie de l’alchimie musicale fraternelle réussie.
Sorti il y a quelques jours, leur premier EP « Inside » est un vrai coup de cœur. 
Mélodies envoutantes et rythmes organiques, ses quatre
titres sont calibrés pour faire à la fois planer et danser, alliage
improbable mais parfaitement réussi entre indie pop et deep house,
saupoudré d’influences cold wave.

Avec un nom aux sonorités slaves et des tracks à faire
bouillir les dancefloors des rives de la Volga à celles du Rhône, le duo
des frères Anton et Viktor souffle le chaud et le froid, attisant notre
désir. Nous avons donc décidé de les mettre sur le grill.





GBH M :
Salut les Yaroslav, vous pourriez vous présentez en quelques mots ?
Yaroslav : Salut, nous sommes deux frères qui avons décidé de monter un projet electro il y a maintenant 9 mois. Ça bouillonnait en nous depuis un bon moment car, du temps où on habitait encore dans la même maison, on faisait
toujours des bœufs
(essentiellement rock) ensemble mais on n’avait
pas encore de groupe. On s’amusait bien mais au bout d’un certain temps on a réalisé qu’on voulait que nos
compositions prennent forme et ce sous le nom de notre futur groupe. Par
ailleurs, nos compos demandaient toujours à ce qu’il y ait pas mal d’instruments.
C’est pourquoi on faisait appel à des potes musiciens mais on n’a jamais rencontré quelqu’un avec qui c’était
aussi fusionnel qu’entre nous. Or on ne voulait
pas se plier à
la pratique, ce qui serait revenu à simplifier nos compositions et à former un groupe avec d’autres
potes. C’est pourquoi on a décidé de se tourner vers la production électronique et de tout faire nous-même. C’est une solution inattendue
mais très adaptée à notre situation d’autant
plus qu’on ne vit pas dans la même ville.
GBH M :
Parlez-nous un peu du choix de votre nom de scè
ne Yaroslav, son origine, sa
signification pour vous.
      
Yaroslav : Notre nom de scène vient de nos origines
slaves. C’est à la fois une sorte d’hommage à nos
ancêtres (Jaroslav) et un rappel de nos prénoms respectifs. En effet, Yaroslav finit par AV pour
Anton & Viktor. En outre, on aimait beaucoup l’esthétique du nom.
GBH M :
Comment définiriez-vous
votre musique ?
Yaroslav : Notre impression est la
suivante. On pense que notre musique est influencée
par la scène Deep
House tout en gardant un esprit Indé sur
les guitares notamment (héritage de notre passé rock). Par ailleurs, il y a assurément un coté planant
dans notre musique, une volonté de raconter une histoire ou
définir une scène, qu’elle soit fictive ou réelle.
Donc pour poser un mot sur
notre style, on pourrait dire qu’on fait
de l’Indie Deep House…
GBH M :
Vous citez des influences aussi diverses que T.E.E.D., Popof, Jan Blomqvist,
Gold Panda ou encore Paul Kalkbrenner. C’est très
intéressant cet
éclectisme.
Mais pour le côté pop, quels sont les artistes / groupes
qui vous inspirent ? Et de manière
générale, avec qui aimeriez-vous collaborer
?
Yaroslav : Bien que nous ayons accroché à la Deep House de Tez Cadey ou encore Joris Voorn, nous
sommes inspirés par énormément d’artistes qui se sont affirmés dans des styles différents.
Alors il est difficile pour nous de pointer du doigt les groupes qui ont eu le
plus d’influences sur notre musique. On peut donc peut-être se contenter de vous donner encore des noms d’artistes que nous écoutons
beaucoup: Sven Vath, Ben Clock, Nina Kraviz, Alessio Mereu, Ricardo Villalobos,
Andrea Oliva, Stefano Noferini, Bambounou, Ron Costa et bien d’autres encore…
En ce moment nous aimerions
beaucoup collaborer avec Tez Cadey car on pense que nos univers se complètent bien. De son côté, Tez Cadey apporte un espoir dans ses tracks et de
notre côté nous essayons toujours de
faire planer un peu ceux qui nous écoutent.  Bref nous en avons déjà discuté tous ensemble et il est très possible qu’on organise une session à Paris,
cet été, dans le Home Studio d’Anton pour créer une
track Tez Cadey x Yaroslav.
GBH M :
Vous êtes donc frères, ce n’est pas trop compliqué de bosser ensemble ? Surtout à distance, puisque vous vivez dans deux
villes différentes… Concrètement
comment travaillez-vous ? Sur quelles machines ? Instruments ? Qui fait quoi
dans le groupe ?
Yaroslav : Au contraire ! On a vécu beaucoup de choses en commun et avons eu la même éducation. Ça facilite plutôt les choses sur le plan humain. Après, il est vrai que la
distance est un véritable
obstacle. Ca n’est vraiment pas simple à gérer. Cette distance se présente sûrement comme un frein dans notre avancée mais ça ne nous démotive
pas pour autant. Sinon on bosse sur Ableton avec un synthé, des guitares, un launchpad et un micro. On s’envoie les projets Ableton par internet et on avance
sur chaque morceau au moyen d’un mécanisme de navette. L’un
d’entre nous commence une compo et dès qu’elle commence à prendre
forme ou qu’il ne sait plus quoi faire dessus, il l’envoie à l’autre et ainsi de suite. Au niveau de la répartition dans la
composition, chacun d’entre nous touche un peu à tout. Mais nous avons chacun
des spécialités tout de même puisque Viktor est batteur
à la base et Anton guitariste/chanteur. Remarque: il s’avère que Viktor fait aussi du
chant et de la guitare et Anton sait très bien faire un beat de batterie sur Ableton ! Donc on
s’immisce un peu chacun dans tous les domaines.
GBH M :
Quelle est votre expérience
de la scène et
peut-on espérer vous y
voir bientôt ?
Yaroslav : Nous avons fait deux lives
Yaroslav respectivement au Double Mixte et au Syrius. A côté de ça, nous avons fait pas mal de
DJ sets. Certains étaient ensemble comme au POP à Lyon et d’autres seuls chacun de notre côté.
GBH M :
De combien de morceaux disposez-vous ? Prévoyez-vous d’enregistrer un LP prochainement après l’EP « Inside » ?
Yaroslav : Nous avons posté 7 tracks pour le moment. Mais nous en avons pas mal en
réserve,
en cours de création… Pour la suite, voilà ce qui va se passer : nous allons publier un
set de promo composé entièrement de nouvelles compositions puis nous publierons
un mix de tracks qui nous tiennent à cœur. Ca permettra aux
auditeurs de comprendre ce que représente
Yaroslav en live.
GBH M :
Le titre « Blue Deep » sorti il y a quelques mois est un de mes
favoris. Parlez-moi un peu de la réalisation de son chouette clip.
Yaroslav : Blue Deep est un morceau qui
raconte une histoire. Quand on l’écoute,
on pose forcément des images sur le son et on voulait que tout le
monde puisse voir ce qui se dessinait dans nos esprits. Or notre sœur, Helena Pokorny, est la
leader de Kut, groupe de cinéphiles qui réalisent
des vidéos et
courts métrages. Donc la team de Kut s’est occupée du
projet et a réalisé le clip en 5 mois. Ca a pris
du temps à
cause du fait que nous faisions tous des études à coté et qu’il était parfois difficile de faire comprendre ce que nous
voulions, bien qu’elles aient eu une grande
liberté sur les idées de
manière générale. Le tournage, quant à lui, a pris un week end et s’est déroulé au Cap Ferret. Elles ont su penser à tous
les détails
et ont montré
un travail de recherche important en réussissant à mettre
en valeur la musique. Nous sommes fiers de leur travail.
GBH M :
Arrêtons-nous
un peu sur les images. Qui a réalisé les visuels de l’EP, qui sont particulièrement réussis? Réfléchissez-vous à une collaboration
sur vos live, avec du VJing, comme cela devient le plus en plus le cas, et pas
seulement pour des artistes estampillés electro d’ailleurs ? (Je pense par exemple à Thylacine dont la VJ Laëtitia
fait un travail formidable).
Yaroslav : Yoco est l’auteur
des visuels Yaroslav. Il fait réellement parti de l’équipe ! Cela dit, nous n’avons
pas encore réfléchi à un visuel live aussi poussé que Thylacine. Dans un premier temps, on se concentre
uniquement sur le son. On préfère qu’en live le public nous juge
majoritairement sur le Djiing. Néanmoins
ça
changera peut être dans l’avenir…
GBH M : Vous
n’existez que
depuis septembre 2013 mais on sent déjà une
vraie maturité dans le
projet, une ligne directrice. Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
Yaroslav : Tout d’abord, merci pour le compliment.
Ensuite, pour répondre à la
question, malgré
le fait qu’on
commence à
acquérir une
certaine maturité dans la technique de
production et à
trouver notre style, on pense qu’on évoluera encore énormément avec le temps. C’est d’ailleurs pourquoi certaines
de nos prochaines tracks ne seront pas dans la même lignée que
les précédentes. Donc même si on sait de plus en plus ce qu’on veut faire, on est encore dans une phase d’exploration. On cherche à s’améliorer encore et peut-être à créer un style qui mettrait en valeur des éléments qui nous plaisent dans
certains styles musicaux et qui ont pourtant une importance minime à l’intérieur de leur genre musical.

Les présentations sont faites et on se doute que vous mouuuurrez d’envie d’écouter + longuement le résultat de cette collaboration fraternelle. Allez, ouvrez grand les oreilles !

MAUD