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Live report du Festival Cabourg, Mon Amour : A la recherche du Zaltan perdu

[Avis au lecteur : cet article a été écrit par Simon, un petit nouveau chez nous, dans le train du retour. Impressionnée par son inspiration, je me suis contentée de compléter sa prose une fois remise de mes propres émotions. Pour une meilleure compréhension, mes commentaires seront en italique et entre crochets].
Mon sang n’a fait qu’un tour. Zaltan, le plus légendaire DJ archiviste de la scène électro parisienne sera en Normandie le 25 juillet 2015 à l’occasion de la troisième édition du festival Cabourg, mon Amour.
[Cabourg donc. A ne pas confondre avec Cherbourg même si les parapluies étaient de mise une bonne partie du week-end. Ce jeune festival défricheur dont on ne peut que tomber amoureux aura cette année encore rempli toutes ses promesses, de l’enchantement musical à la ferveur du public, en passant par le cadre idyllique et la capacité de son équipe à rebondir face aux éléments pas toujours cléments].
C’est dire si la proposition de mon amie Maud – bloggeuse attitrée chez GBHmusic et mon gourou musical personnel à ses heures – de l’accompagner pour y prendre des photos ne pouvait que me ravir. [J’avais beaucoup aimé sa chouette série de photos de paysages urbains, mais hélas ne s’improvise pas photographe de concert qui veut]. Zaltan me voici !
Nous débarquons donc le vendredi en fin d’après-midi sur la plage de Cabourg afin de couvrir ce joyeux festival estampillé coquillages et crustacés. Objectif officiel : nous entretenir avec les forts sympathiques Iñigo Montoya. Enfin, surtout Maud. Moi perso, je m’en tape un peu, ma démarche est bien plus machiavélique que cela. The Zaltan Project is on his way.

                                                                       Crédit photo : Simon Roussey
A notre arrivée, un gros poisson carnivore sort des eaux et se glisse jusqu’à la grande scène de la Dune pour entamer son show. Non mais regardez-moi ça, c’est un Grand Blanc ! Quarante-cinq minutes de concert, c’est décidément trop court tant la bonne humeur du groupe lorrain est communicative. Certes, les textes ne sont pas toujours franchement tordants (« Faites-moi descendre, pour moi la terre a trop tourné. Mais ne vous gênez pas, dansez ! »). Mais l’énergie est là et le public adhère. « Ça sent le dancefloor !! » balance Benoit David, le chanteur. Oui, ça sent le dancefloor et faire bouger une assistance un vendredi à 18h est une véritable performance. Mission accomplie pour les quatre requins Messins ! Le festival commence fort. Seul petit détail : pas de Zaltan. 
La soirée débute. L’ambiance est bonne sur Cabourg. La bière coule à flots et les festivaliers commencent à s’exciter en dansant les pieds dans le sable devant le set de Bambounou [que nous avons fort agréablement passé à trinquer avec les potes de La Blogothèque, co-producteurs cette année de l’évènement].
L’atmosphère devient de plus en plus électrique. Je le sens, il va se passer quelque chose. 
Zaltan es-tu là ? 
« Non mon pote » me répond la voix désincarnée de Zaltan. « Sois patient, bouge-toi les fesses et file voir Isaac Delusion ». 
God damned it, tabernacle, Zaltanlipopette, mais qu’est-ce que c’est que ce truc ?
Comme ça, sans y regarder, le mot « Delusion » fait penser à « désillusion  » [je préfère ne m’étendre ni sur le niveau d’anglais, ni sur la culture musicale de mon acolyte]. Je me prépare donc assez naturellement à assister à un concert lent et quelque peu déprimant. Et bien, c’est tout l’inverse. La voix haut-perchée de Loïc Fleury aspire petit à petit le public. Les mélodies entêtantes font monter la sauce. Et ça monte, et ça monte ! On en redemande encore et encore. Merde les mecs, c’est quoi ce bordel ! Ne partez pas !
[Pour avoir déjà assisté à un certain nombre de concerts des adorables et ô combien talentueux Isaac Delusion, j’ai été plus qu’agréablement surprise par leur prestation, une de leurs meilleures à ce jour. Alors même que la pluie s’était à nouveau incrustée à la fête, tel ton voisin relou sans potes qui ne veut pas lâcher l’affaire et rentrer chez lui, le groupe, particulièrement en forme, a fait se trémousser de bout en bout un public extatique. Une sorte de danse de la contre-pluie qui finira par fonctionner, les mecs de Grand Blanc à notre gauche – look et choré maîtrisés – n’étant probablement pas étrangers au phénomène. La soirée se terminera pour nous par l’énergique set de Torb, puisque nous ferons l’impasse sur l’after au Casino de Cabourg]
 Et pendant ce temps là, toujours pas de Zaltan. Bon. Tant pis, on se casse. On reviendra demain. 
Samedi, déjeuner au Baligan (succulent, recommandé par le guide GBH des meilleurs restos de festoche), sieste devant le tour de France et la grimpette de l’Alpe d’Huez – putain mon Pinot, t’as été champion quand même – puis, retour à Cabourg mon Amour. Grrrrrr. Day two.
[L’apocalypse météorologique de la veille ayant dézingué une bonne partie des structures du site, l’ouverture est retardée d’une heure – gros respect à la team d’orga pour avoir aussi bien géré ces désagréments. Ce contretemps me permet de lézarder sur la plage, le soleil étant aujourd’hui de la partie, pendant que mon binôme choisi de mater des mecs aux mollets rasés, transpirant dans des combi en lycra. C’est donc doucement réveillée par le premier titre du fantastique Clément Bazin que j’entame cette deuxième journée en me trainant sur les quelques mètres de plage me séparant de l’entrée du site. Mon complice ayant préféré l’option « Paysages du terroir sur mini-écran », il ratera l’excellent live du beatmaker parisien, ne me rejoignant qu’aux premières notes d’Inigo Montoya.  Dommage que leur (très bon) concert débute devant une foule encore clairsemée, les retardataires ont dû s’en mordre les doigts].  
A l’issue du concert, la nouvelle tombe, l’interview d’Inigo Montoya c’est tout de suite. L’objectif officiel du weekend, notre mission (celle que nous ne devons pas rater, je te raconte pas la pression) c’est maintenant ! Hélas au même moment, un OVNI atterrit sur la plage. Mais c’est Zaltan ! Vite Maud, allons vite faire cette interview, il est là, bordel ! Il est là  !!!
L’interview (à retrouver bientôt sur GBH Music) se passe de manière fort sympathique malgré mon stress croissant au fil des minutes. Dernière question de Maud (décidément beaucoup trop professionnelle) : « Quels sont les groupes que vous avez envie de voir au festival en dehors de vos potes d’Agua Roja ? » La réponse d’Adrien fuse : « Zaltan ». Ah non mais moi aussi ! Allez, on s’échappe, on y va !  Il est peut être encore là !
On court, on court. … mais Zaltan a disparu. [mytho, on a réussi à voir la fin du set, bière à la main, soleil dans la face, posés sur le sable]. Par protestation, je décide d’arrêter la bière. 
Trois pintes de vin rouge plus tard [bon, ça c’était pas un mytho, c’était juste beaucoup trop] et une super performance d’Agua Roja, je l’aperçois, il est là devant moi … en pleine conversation avec sa meuf ou sa sœur ou sa belle-mère ou la cousine de son beau-frère. Bref, il est occupé, je n’ose évidemment pas le déranger. 
[Nous décidons alors de profiter des derniers rayons de soleil sur la plage devant Ron Morelli qui prend possession des platines].
Puis Only Real enchaîne (je découvre qu’il est encore possible d’arriver complètement bourré sur scène et d’être capable faire le show, le rock-n-roll n’est pas mort. [Niall Galvin et son groupe, qui picolaient derrière nous au Yacht Club de Cabourg pendant l’interview susmentionnée se sont apparemment crus en voyage scolaire à Majorque, option all you can drink]. Le temps de jeter un œil sur les frasques un peu pathétiques du jeune blondinet britannique [mytho et daltonien donc, le mec est ROUX], Zaltan a disparu ! (Je me demande s’il n’y a pas un peu trop de suspens dans cet article). 
Je décide donc de noyer mon chagrin dans le vin rouge et d’apaiser ma douleur devant le groovinesque Curtis Harding suivi d’un super set de Barnt qui conclut en pleine bourre ce samedi à Cabourg. Mais moi, j’ai raté Zaltan …  (Je me demande s’il n’est pas un peu trop triste cet article). 
[Observer le public en transe de Barnt est assez fascinant et le plaisir s’en trouve décuplé lorsque nous croisons la route d’un mec complètement perché creusant un trou dans le sable, pour dit-il danser sans être gêné par la foule déchaînée. Nous voyant hésiter sur la suite à donner à la soirée, il nous aidera à sa manière en nous gratifiant d’un : « Que font deux dinosaures quand ils ne sont pas d’accord? Ils tirosaure »]
Direction « Le café des arts », meilleur bistrot de Normandie (ouais carrément) avec un tenancier haut en couleur qui vaut à lui seul le déplacement  à Cabourg. Quelques litres de Calvados plus tard (notamment une dernière rasade versée directement de la bonbonne à la bouche par le fameux tenancier). Et là, me vient une idée !!! Bon sang mais c’est bien sûr : l’AfterShow !! Au programme ce soir : D.K du label Antinote. Le label monté par Zaltan. Mais oui ! C’est certain ! Il y sera !!
[Perso, après le fameux calva traditionnel chaque soir depuis deux jours au Bistrot des Arts, j’abandonne la partie en même temps que mon partner in crime].
Je me déporte donc seul vers le Casino pour tenter ma dernière chance. All in ! J’arrive à 2H30 du matin, heureux et motivé devant le vigile à l’entrée.  
« – Non Monsieur, c’est fermé, vous ne pouvez plus rentrer, ou alors avec une autre couleur de bracelet. On ne laisse rentrer que les bracelets blancs.
Quoi ??? Mais non !!! Il est très cool mon bracelet bleu !! Pourquoi m’en faudrait-il un blanc ?!! 
Parce que Monsieur. On ne laisse rentrer que les bracelets blancs C’est la consigne.
Mais c’est quoi la putain de différence entre un bracelet blanc et un bracelet bleu bordel ?!!
La couleur Monsieur. Le bracelet blanc est blanc.
Ah ouais, irréfutable. Bon ok, merci. »
Bouhhhhhhhhh!! Zaltaaaaaaaaaaaaaaaaaaan !!!!
Le lendemain, il pleut des cordes sur Cabourg. Le concert sur la plage est annulé. Tout se passera au Casino à partir de 18h. On décide de quitter la ville, le spleen au cœur.
[Heureusement que deux membres de la Confrérie de La Teurgoule – si tu ne connais pas, va sur Wikipédia – nous attendaient à la gare de Cabourg pour une dégustation tout en finesse. Merci à eux d’avoir adouci notre tristesse].
Simon : Bon alors, franchement, elles sont quand même pas si mal mes photos, non ?
Maud : Je crois que l’année prochaine, je ferai appel à une personne … euh … dont c’est vraiment le métier. 
Chaudement installé dans mon appartement parisien, j’écoute mon morceau préféré de Zaltan (« Souvenirs d’été ») qui conclut avec un poil de mélancolie ce beau weekend à la plage.  Et toi, Zaltan, tu resteras quand même unique dans mon cœur. Un jour, je te trouverai.
[Et moi, l’année prochaine Cabourg, je reviendrai !]

PS:

SIMON [& MAUD AUSSI UN PEU QUAND MÊME]