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Fishbach, on y croit (chronique + interview)

                                                                                   Crédit photo: Yann MORISSON

Le premier album de Fishbach, « A Ta Merci« , sort aujourd’hui, vendredi 27 janvier. Nous avons pu la rencontrer pour qu’elle nous en touche deux mots…

Le rendez-vous est donné dans un lieu du onzième arrondissement de Paris somme toute très charmant : le Jardin Imparfait. Un sanctuaire acculé de bois, chaleureux et généreux en luminaires rassurants. Les tables sont garnies de breuvages et autres gourmandises. Une rencontre d’un genre nouveau, ici l’apéro est de rigueur à l’heure où la masse fourmille et s’agglutine autour du cœur dansant qui nous anime : Fishbach.

Flora de son prénom, est à notre merci le temps de nous parler de son premier album « A Ta Merci » (Enterprise/A+LSO/ Sony), donc. Avant cela, un rapide retour en arrière s’impose : 2015, Fishbach nous sort de notre morosité pop avec son EP riche de quatre titres qui brossent le tableau du personnage avec “Tu vas vibrer”, “Mortel”, “Béton Mouillé” et l’adaptation de “Night Bird” composé par Bernard Lavilliers transformé en “Petit Monstre”. Elle fait mouche, fait parler d’elle et déchaîne les passions quant au renouveau de la musique pop française imprégnée de mélodies eighties. Elle se livre aujourd’hui pleinement, une sorte de maïeutique musicale avec la sortie de son premier album.

Onze compositions que l’on découvre, une que l’on connaît d’ores et déjà (“Mortel”). La native des Ardennes nous raconte son introspection, chez elle, au moment de l’écriture de cet album. Une écriture baignée par le récit de son histoire personnelle qui nous offre la possibilité de plonger dans son “palais mental” imbibé d’heurs et blessures.
A y regarder de plus près, on pourrait avoir des doutes sur la santé mentale de la chanteuse. La mort est reine dans ses textes – la référence y est faite une vingtaine de fois sur l’album – et se fait la maîtresse du jeu. De la danse macabre revisitée et moderne d’ “On me dit tu” à l’ode amoureuse désenchantée de “Mortel”. Si la mort peut effrayer, ici on pourrait être tenté de lire davantage un renouveau en elle, une transformation, le symbole d’une nouvelle vie à l’image de la lecture de la “carte sans nom” (XIII) du Tarot : la Mort.

Un renouveau qui s’expose maintenant sur scène. En effet, via sa création live lors des dernières Trans Musicales de Rennes, Fishbach nous ouvre les portes de son intimité. Elle nous raconte volontiers l’origine de cette nouvelle configuration qui semble représenter une chambre et qui est, en effet, un rappel à sa chambre chez ses parents à Charleville. Des stores qui laissent passer un timide filet de lumière qui s’accouple avec la fumée de sa cigarette créant des faisceaux presque palpables. Reconstitution que la chanteuse s’est fait un plaisir à expérimenter lors de cette performance live en allumant une cigarette sur un morceau qui n’est pas présent sur l’album – “Boîte en Papier”. Ce qui reste extrêmement frustrant pour les fumeurs qui voudraient mimer l’action et s’allumer une petite cibiche. Passons. Fishbach nous avoue que ce live lui permet de donner tout son sens à l’album. Elle n’est pas seule dans sa chambre, car ses petits monstres l’accompagnent et se matérialisent sur scène par la présence d’autres musiciens, dont la talentueuse Michelle Blades. “Il ne faut jamais s’excuser d’être sur scène”, scande-t-elle, une façon de faire l’amour tant la jouissance de se perdre face à tous est grande, selon elle. Une sorte de transcendance car Flora se livre à son public, A Ta Merci, et se livre à des ébats intérieur, A Ta Merci.

Si Flora est à la merci de quiconque et surtout d’elle-même, elle se donne volontiers en pâture à la réappropriation de ses textes via son public. Le sujet est mis sur la table lors de l’évocation de son titre “Mortel” toujours présent sur l’album. Un titre qui, selon elle, a évolué et se nourrit des interprétations de chacun. Pour illustrer ses propos elle prend l’exemple des attentats du 13 novembre 2015 au Bataclan. Elle donnait un concert le 18 chez Madame Arthur, salle située à Pigalle. De ce constat, elle nous avoue avoir comme commémoré cet événement via ce titre car, “Jamais rien vu d’aussi mortel que ces tirs au hasard”. L’ambiance était électrique, émouvante, un concert qui restera gravé dans la mémoire des personnes présentes.

Histoire de terminer cet entretien Fishbach nous confie son obsession musicale actuelle qui, à notre grande et joyeuse surprise, n’est d’autre que la québécoise Marie Davidson (Essaie Pas). Une jolie voix froide et ravageuse sur des rythmiques techno.
A considérer : une rencontre internationale entre le Québec et les Ardennes pour un morceau qui repousse les frontières et empêche la construction d’un mur destructeur.

Côté concert, pas mal de dates sont d’ores et déjà calées et l’on notera un gros rendez-vous le 14 mars à la Cigale. Toutes les infos sont dispo ici et les billets ici !

Maywenn VERNET