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Dillon: son nouvel album, sa tournée, elle nous dit tout! (Interview)

C’est dans le cadre très cosy du Carmen, que j’ai eu le plaisir de rencontrer Dillon.
Cette jeune berlinoise d’origine brésilienne, de son vrai nom Dominique Dillon de Byington, sortira le 28 mars prochain « The Unknown », après un premier album très remarqué « The Silence Kills » en 2011.
Du haut de ses 25 printemps, la chanteuse-pianiste signée par BPitch Control, cultive sa singularité en créant son propre univers musical teinté d’electro et de rock minimaliste.
Avec son timbre de voix fragile et éraillé, Dillon nous plonge dans un univers mystérieux et mélancolique, dont la poésie accompagne chacune de ses notes.

Gene: Quand et surtout comment as-tu débuté ta carrière? Comment ton histoire a-t-elle commencé?

Dillon: J’ai débuté quand j’avais 17 ou 18 ans. J’ai commencé par écrire, chanter et essayer de jouer du piano. C’est comme cela que ça tout a commencé mais j’étais aussi très jeune et très timide.
J’avais vraiment besoin de prendre mon temps, de m’accompagner avec le piano et comme je vivais encore chez mes parents, je jouais quand je me retrouvais seule chez moi. Je posais alors une caméra au dessus du piano et je me filmais ou quelque fois, je filmais mes mains parce que je ne savais pas lire les partitions. Cela me permettait de me rappeler ce que je jouais.
Au fur et à mesure, j’ai joué de plus en plus souvent. Au départ, une fois par semaine et puis après j’ai joué tous les jours. Je suis devenue très curieuse avec une vraie envie de me découvrir.
Je ne me connaissais pas de cette façon et je n’étais pas de ces personnes qui savent ce qu’elles vont faire à 5 ou 6 ans.
J’ai juste commencé comme ça sans savoir jusqu’où tout cela allait bien me mener.
D’un autre côté, je travaillais sur mon ordinateur et pendant très longtemps, je n’ai pas su comment combiner ces deux choses.
D’un côté, j’ai ces instantanés de piano très rares associés à ma voix, et d’un autre côté, ces beats et ses synthés et je ne savais vraiment pas comment les mixer.
C’est finalement, comme ça que tout à commencé pour moi.

Gene: Ton univers musical est à la croisée des chemins entre électro et une musique plus classique. Qu’est-ce qui t’as poussé à aller plus loin dans la musique électronique ? Est-ce une question de génération ou même d’influences musicales?

Dillon: Je pense que ce n’est pas si évident à dire comme ça.
Tout d’abord, c’est pour moi comme une sorte de distraction ou quelque chose derrière laquelle je peux me cacher, me réfugier. J’aime vraiment utiliser des instruments électroniques et l’un des aspects de la musique électronique que j’apprécie le plus c’est qu’elle est très accessible. Dans le sens où, je n’ai pas à aller à l’autre bout du monde ou dans un studio et travailler avec un batteur en particulier, tu es vraiment indépendant.
J’aime cette idée d’indépendance. La musique électronique est aussi pour moi une question de goût. J’aime tout simplement ça.

Gene: Tu considères donc la musique électronique tient une place prépondérante dans tes compositions?

Dillon: Absolument. Je ne pourrais pas l’enlever. Depuis le début, j’aurais pu juste jouer du piano et l’accompagner simplement de ma voix mais je ne voulais pas de ça.
Je ne pouvais pas non plus, faire ce choix pour mon second album, c’est quelque chose que je refusais. Je ne voulais pas me priver de cette partie électro.
J’ai toujours dit que ma musique est une musique électro combinée à ma voix. Dans cet album, c’est encore plus évident. J’essaie de l’expliquer depuis le début et les gens sont étonnés quand ils viennent à mes concerts parce qu’ils attendent un groupe avec un bassiste, un batteur… et finalement, il n’y a rien de cela. Alors quand je leur demande pourquoi avez-vous pensé à cela car c’est un album à 90% « produit » pour « The Silence kills »  et c’est la même chose pour « The Unknown ».
J’espère que cela deviendra plus évident, parce que la musique que je fais, c’est de la musique électro. Je ne souhaite pas faire les choses différemment.

Gene: Pour toi, quelle est la différence marquante qu’il existe entre tes deux albums, « The Silence kills » et « The UnKnown »?

Dillon: Pour ce nouvel album, c’est la première fois que je me suis assise pour produire un album sans avoir aucune ligne directrice.
Alors que pour « The Silence Kills », il était question de collecter toutes les chansons que j’avais écrites par le passé, soit 10 à 12 chansons, dont certaines écrites 5 ans auparavant.
C’était un peu comme une sorte de collage. Je les ai conservées sous leur forme originale pour coller le plus possible au cœur de chacune d’elles mais aussi de faire qu’elles soient aussi fortes qu’elles puissent l’être sans perdre leurs fondations.
Pour autant, il y a deux chansons que j’ai écris au studio avec Tee et Tomas quand nous avons produit « The Silence Kills ».
J’ai réalisé à cet instant que c’était comme cela que je souhaitais travailler à partir de maintenant. Les deux morceaux étant « The Silence Kills » et « Abrupt Clarity ».
Si tu écoutes ces deux chansons, tu verras que ce sont les fondations de « The Unknown ».
Ces deux chansons m’ont permises de comprendre que l’écriture n’était pas terminée. Quand nous sommes retournés en studio, il est apparu évident pour nous trois qu’il fallait qu’on continue le travail amorcé lors du précédent album « The Silence Kills ».
Et entre-temps, je suis partie en tournée et puis, je me suis installée dans mon appartement.
J’ai décoré mon salon et je n’ai pas pu écrire pendant un long moment, presque deux ans.
J’ai recommencé à écrire une semaine avant de rentrer en studio.
Nous sommes partis enregistrer à Hambourg, dans le studio où nous avions déjà enregistré « The Silence Kills ». J’avais trois couplets d’un poème et une mélodie. J’ai donc écrit le reste de l’album en studio directement.

Gene: Les titres de ton album « The Unknown » évoque une quête intérieure. Quel message as-tu voulu communiquer?

Dillon: Quand j’ai écrit « The Silence Kills », je ne l’ai écrit pour personne.
Pour « The Unknown », je voulais vraiment me poser pour l’écriture mais je n’y arrivais pas malgré tous mes efforts, et cela pendant deux ans.
Alors je me suis dit que peut-être j’avais besoin de sortir plus, de voyager dans d’autres pays, d’autres villes et de me sentir inspirer, de vivre plus.
Donc j’ai fait tout cela et je suis rentrée aussi vide que lorsque j’étais partie. Je ne suis pas capable de te dire si j’ai aimé ou pas. Et j’ai commencé à me sentir vraiment frustrée.
J’ai donc accepté le fait que ce n’était pas le bon moment pour moi d’écrire, tout simplement. J’ai réalisé que ce n’était pas la question de l’endroit où je vivais ou encore avec qui je le vivais. J’ai réalisé que la seule chose dont j’avais besoin c’était de temps et de regarder à l’intérieur de moi.
C’est quelque chose d’assez difficile car quand je suis sur scène tout ce que tu fais c’est de regarder vers l’extérieur. Je ne voulais pas d’introspection. Le résultat, c’est que maintenant, tu tiens entre tes mains un album qui contient le début d’une discussion que j’ai entamée avec moi-même.

Gene: Maintenant que l’album « The Unknown » est achevé, quel est ton sentiment?

Dillon: C’est étrange car je me souviens que quand j’ai terminé « The Silence Kills », j’étais juste vidée parce que finalement ces chansons qui au départ n’avait rien à faire ensemble ont finalement réussi à s’interconnecter et à se réunir dans un même disque, dans un ordre parfait qui a pour moi un réel sens.
C’est quelque chose que tu peux ressentir, toucher, écouter et lire.
Pour « The Unknown », comme je te l’ai dit précédemment j’ai commencé par écrire et puis le travail s’est poursuivi en studio principalement avec Tee et Tomas. Le travail sur chacune des chansons s’est enchaîné. Finalement, cela nous a pris 6 mois, de l’écriture du premier titre à la production finale.
C’était pour moi un travail très intense, car je ne faisais qu’écrire et produire, écrire et produire… Ok. Après, on a mixé, puis on a remasterisé. Ensuite, il a été question de la couverture de l’album. Ok, on l’a faite. « That’s it ». Enfin c’était fini.
D’un côté, je me suis sentie soulagée d’en avoir terminé, de l’autre, je savais que je pouvais débuter ma tournée et jouer mes morceaux sur scène.

Gene: Parlons de la scène. Tu vas entamer une série de dates en France en Avril prochain, comment envisages-tu ton concert?

Dillon: Pour moi, « The Unknown » est dans la continuité de « The Silence Kills ». C’est ce que je vais tâcher de respecter sur scène.
Je vais continuer à jouer les chansons que je le faisais avant, seulement maintenant, j’ai un plus grand choix pour mon concert. Tout ce que je peux garder intact et tout ce qui est bien dans ma vie, j’aime les conserver de cette façon et ne rien changer.
Nous allons partir en tournée le mois prochain, je m’entraine actuellement à jouer les chansons (rires).  Je serai avec Tomas sur scène. Nous serons seulement deux comme pour ma précédente tournée.
Le gros élément du jeu de scène résidera dans les jeux de lumière. Je m’occupe avec mon ingénieur lumière, des effets à donner au concert. Tout ça est très excitant.

Gene: Tu m’as dit que tu étais timide. Comment se passe alors ta rencontre avec le public quand tu es sur scène?

Dillon: Je suis très timide et étrangement, je n’ai pas le tract mais être sur scène, ce n’est pas la chose que j’affectionne le plus. C’est très épuisant d’avoir à monter sur scène tout le temps et ouvrir cette part de moi-même parce que c’est une part de moi, mais ce n’est pas moi totalement.
Monter sur scène et m’ouvrir à des inconnus peut être vraiment effrayant quand j’y pense, mais finalement l’expérience que je vis c’est que le public et moi, nous sommes présents l’un pour l’autre.
Tous les gens qui se retrouvent dans une salle pour l’un de mes concerts, ils ont tous quelque chose en commun avec moi, je ne sais pas ce que c’est mais c’est pour ça que je suis sur scène.
Même si je me sens vraiment très seule, il y a toujours un moment où je suis connectée à la salle et capable de lui parler.  Et même si je suis en tournée depuis longtemps, pour moi chaque soir est une nouvelle expérience.
Je suis naturellement timide et donc j’ai besoin de temps. Cependant après le concert, quand le public quitte la salle, je vais vendre des tee-shirts et des disques à la sortie car j’ai besoin d’aller à la rencontre du public, c’est le seul moment où je peux voir leurs visages.
J’aime vraiment ce moment car nous sommes au même niveau.

Gene: Si tu devais retenir une chanson dans ton album, laquelle serait-ce et pourquoi?

Dillon: Toutes les chansons ont été écrites dans le but de construire cet album. Le disque ne pourrait pas fonctionner si l’une de ces chansons manquait.
Je n’ai pas non plus de chanson préférée. Cependant, la première chanson que j’ai composé a été « The Unknown », même si je ne sais pas pourquoi je l’ai choisi comme nom d’album, parce ce que pour l’anecdote, un jour pendant la production de l’album, je me suis réveillée un matin en me disant : « C’est ça, « The Unknown » sera le titre de l’album ».
Je pense que cette chanson est représentative de l’album dans le sens où elle alterne les  moments de silence et les passages pesants.

Gene: Quel est ton poète préféré et pourquoi?

Dillon: Ce serait la poétesse anglaise, Sylvie Plath. Je ne peux pas te dire pourquoi c’est comme te donner ma couleur favorite, je ne sais pas c’est une question de goût. Je n’ai pas de raison.
J’ai un très fort sentiment d’empathie pour pour elle et l’ensemble de son travail.  Et aussi le fait qu’elle n’a jamais cessé d’écrire.

L’album « The Unknown » sera disponible à partir du 28 mars 2014 sur toutes les plateformes de téléchargement légal et Dillon en tournée en France pendant le mois d’avril :
– 10 Avril Les Trinitaires – Metz – Billets
– 11 Avril Noumatrouff – Mulhouse – Billets
– 12 Avril Transbordeur – Lyon – Billets
– 13 Avril Le Ciel – Grenoble – Billets
– 15 Avril au Café de la Danse – Paris – Festival Clap Your Hands – Billets  
– 16 Avril Athéneum – Dijon – Billets

GENE